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Singapour Poursuit Les Exécutions Capitales Malgré Les Appels à L’abolition

Singapour a procédé à une troisième exécution en une semaine malgré les appels à l'abolition de la peine de mort. Rosman Abdullah, 55 ans, a été pendu vendredi pour trafic d'héroïne, portant à huit le nombre d'exécutions depuis le début de l'année dans la cité-État...

Singapour continue d’appliquer la peine de mort à un rythme soutenu en dépit des appels pressants de la communauté internationale à y renoncer. Vendredi, un homme de 55 ans reconnu coupable de trafic de drogue a été pendu, portant à trois le nombre d’exécutions capitales en l’espace d’une semaine dans la cité-État d’Asie du Sud-Est.

Huit exécutions depuis le début de l’année

D’après une source proche du dossier, Rosman Abdullah a été condamné à mort en 2010 pour avoir fait transiter 57,43 grammes d’héroïne, un volume largement supérieur au seuil de 15 grammes au-delà duquel la pendaison est encourue à Singapour. Son recours en grâce ayant été rejeté, il a été exécuté à l’aube à la prison de Changi.

Il s’agit de la huitième exécution depuis janvier dans ce petit pays connu pour sa législation draconienne en matière de stupéfiants. Le 15 novembre, deux hommes, un Malaisien et un Singapourien, avaient déjà été pendus pour les mêmes motifs.

L’ONU dénonce une pratique “cruelle et inhumaine”

Ces exécutions à répétition suscitent l’inquiétude des défenseurs des droits humains. Les Nations Unies ont exhorté Singapour à abolir la peine capitale, qualifiant cette sentence de “cruelle, inhumaine et dégradante”.

Il n’y a aucune preuve que la peine de mort ait un effet dissuasif particulier sur la criminalité.

Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme

De son côté, le gouvernement singapourien reste inflexible. Il affirme que cette sanction a permis de contenir le trafic de drogue et de faire du pays l’un des plus sûrs au monde.

24 exécutions depuis la levée du moratoire

Singapour avait suspendu les exécutions capitales pendant la pandémie de Covid-19. Mais depuis la levée de ce moratoire en mars 2022, les pendaisons ont repris à un rythme soutenu. Au total, 24 condamnés ont été exécutés, dont 7 pour meurtre et 17 pour des affaires de stupéfiants.

Malgré les critiques, les autorités singapouriennes se montrent déterminées à maintenir cette ligne dure. Le ministre de l’Intérieur a récemment déclaré que la peine capitale restait un “outil nécessaire” pour dissuader les criminels, promettant de l’appliquer “sans hésitation” à ceux qui enfreignent la loi.

Une pratique de plus en plus isolée

Sur la scène internationale, Singapour fait figure d’exception avec le maintien de la peine de mort, notamment pour les délits liés à la drogue. Seule une poignée de pays comme la Chine, l’Iran ou l’Arabie Saoudite y ont encore recours dans ce type d’affaires.

  • 55 pays ont totalement aboli la peine capitale dans leur législation
  • 31 pays sont abolitionnistes de facto (pas d’exécutions depuis plus de 10 ans)
  • 54 pays sont rétentionnistes et maintiennent la peine de mort dans leur arsenal judiciaire

Malgré les appels à la clémence et à la réforme, Singapour semble donc déterminé à poursuivre sur la voie de la sévérité, au risque de ternir son image sur la scène internationale. Reste à voir si la pression de la communauté internationale finira par infléchir la position des autorités, ou si la cité-État assumera jusqu’au bout sa réputation de pays à la justice expéditive.

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