Connue pour son rôle de Première ministre dans la série Borgen, Sidse Babett Knudsen change radicalement de registre dans Sons, le nouveau film de Gustav Möller. La comédienne danoise y incarne Eva, une surveillante pénitentiaire modèle dont le quotidien est bouleversé par l’arrivée de Mikkel, un détenu particulièrement violent. Déterminée à percer à jour ce jeune homme bardé de tatouages, Eva demande sa mutation dans l’unité de haute sécurité où il a été transféré.
Un tournage immersif en milieu carcéral
Pour s’imprégner de l’univers de la prison, Sidse Babett Knudsen a passé de longues heures dans une ancienne prison désaffectée, lieu de tournage du film. “J’ai été marquée par les sons et les échos si particuliers : les couloirs, les portes des cellules. La prison est un univers sonore à part qui vous ramène dans le présent”, confie-t-elle. Cette expérience a nourri son jeu, l’amenant à développer une approche plus instinctive et abstraite de son personnage.
J’ai joué avec l’idée qu’Eva ne pense pas avec des mots. Elle n’est pas sociale. Elle se croit invisible.
– Sidse Babett Knudsen
Une préparation minutieuse
Pour incarner avec justesse une gardienne de prison, l’actrice s’est appuyée sur les conseils d’un ex-surveillant, Martin Sørensen. “Il m’a expliqué comment tout fonctionne en prison. Il m’a montré les gestes qu’il faut avoir : pour enfiler l’uniforme, pour manipuler les clefs. Je voulais que chaque mouvement soit crédible”, explique-t-elle.
La relation complexe entre Eva et Mikkel
Au cœur du film, la relation ambivalente entre Eva et Mikkel, mélange de punition et de protection, de vengeance et de rédemption. Sidse Babett Knudsen analyse : “Eva souffre tellement. Elle refoule tout. Ce qui reste, c’est le besoin de faire une petite différence dans ce monde vers le bien. Elle se sent coupable de cet échec avec son fils. Mikkel réveille en elle une tempête d’émotions illogiques”.
Plongée dans le système pénitentiaire danois
Au-delà du drame individuel, Sons explore la réalité méconnue des prisons danoises, loin de l’image d’Épinal du modèle scandinave. “C’est un écosystème particulier de rapports de forces. La prison crée de l’isolement pour ceux qui y sont incarcérés comme ceux qui y sont employés”, souligne Sidse Babett Knudsen.
Avec ce rôle intense et son face-à-face électrique avec Gustav Möller, Sidse Babett Knudsen prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent et sa capacité à se glisser dans des univers radicalement différents. Un grand écart maîtrisé, de la série politique à la chronique carcérale.