C’est un projet qui ne manque pas de faire des vagues. Shein, le très controversé géant chinois de l’ultra-fast fashion, envisagerait de s’introduire en Bourse à Londres dans les prochains mois. Une opération qui serait la plus importante depuis plus d’une décennie pour la place financière britannique, mais qui suscite de vives inquiétudes quant aux risques d’ingérence chinoise et aux soupçons de recours au travail forcé des Ouïghours pesant sur l’entreprise.
Un dossier déposé en toute discrétion
Selon l’agence Reuters, Shein aurait déposé en catimini un dossier préliminaire auprès de l’autorité britannique des marchés financiers en vue d’une cotation au London Stock Exchange. Cette introduction serait un nouveau rebondissement pour le sulfureux groupe domicilié à Singapour, qui a dû renoncer à une tentative de cotation à Wall Street en début d’année face à la bronca des élus américains.
Des bénéfices records malgré la polémique
Fondé en Chine en 2012, Shein s’est imposé comme un mastodonte de la mode à petits prix, avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 16 milliards de dollars en 2021. L’an dernier, le groupe a même dégagé la bagatelle de 2 milliards de dollars de profits, et ce malgré les nombreuses controverses entourant ses pratiques sociales et environnementales.
Un soutien de poids à Westminster
Mais alors qu’aux États-Unis, républicains comme démocrates ont fait bloc contre une entrée de Shein à Wall Street, le projet semble bénéficier de solides appuis politiques outre-Manche. Les grands partis de Westminster, conservateurs en tête, verraient d’un bon œil cette cotation susceptible de redynamiser la place londonienne dans l’après-Brexit.
Une introduction de Shein serait une formidable opportunité pour la City et son rayonnement international.
– Une source gouvernementale britannique citée par le Financial Times
Une entrée en Bourse à hauts risques
Reste que ce soutien de la classe politique britannique à l’entrée en Bourse d’un groupe aussi décrié que Shein a de quoi surprendre. Aux États-Unis, les élus avaient notamment pointé le risque que la cotation serve de « cheval de Troie » à l’influence chinoise. Une crainte renforcée par les graves soupçons pesant sur la chaîne de sous-traitance de Shein, mise en cause dans plusieurs enquêtes journalistiques.
- Des usines de fournisseurs épinglées pour leurs piètres conditions de travail
- Des soupçons récurrents de recours au travail forcé de la minorité ouïghoure
- Une empreinte environnementale désastreuse liée à l’ultra-fast fashion
Face à ces accusations, le groupe Shein s’est fendu d’un mea culpa, promettant de revoir en profondeur ses pratiques. Mais au vu de l’opacité entourant son modèle et sa gouvernance, difficile de lui accorder un blanc-seing. Les investisseurs britanniques seront-ils prêts à sauter le pas malgré les risques ? Réponse dans les prochains mois.