Un Français sous le coup d’une condamnation à mort en Indonésie pourrait voir le bout du tunnel. Selon une information révélée par un ministre indonésien samedi, la France a transmis une demande officielle de « transfèrement » pour Serge Atlaoui, 61 ans, condamné à la peine capitale en 2007 pour trafic de drogue. Une lueur d’espoir pour cet artisan soudeur originaire de Metz qui clame son innocence depuis 18 ans.
Vers une commutation de peine pour Serge Atlaoui ?
D’après Yusril Ihza Mahendra, ministre indonésien en charge des Affaires juridiques et des Droits humains, la France a envoyé une lettre officielle le 19 décembre demandant le transfèrement de Serge Atlaoui. Cette requête intervient alors que Jakarta vient de rapatrier une ressortissante philippine, Mary Jane Veloso, également condamnée à mort pour trafic de drogue.
Pour Richard Sédillot, l’avocat français de Serge Atlaoui, cette demande représente « un espoir considérable » que « sa peine puisse aujourd’hui être commuée, et que son transfert puisse être ensuite ordonné ». Les autorités indonésiennes prévoient de discuter plus en détail du contenu de la lettre française début janvier, selon le ministre Yusril Ihza Mahendra.
Arrêté dans une usine de drogue en 2005
Serge Atlaoui a été interpellé en 2005 dans une usine clandestine de méthamphétamine en banlieue de Jakarta. Les autorités l’ont accusé d’être un « chimiste » au sein de ce laboratoire illégal. Mais l’artisan soudeur, père de 4 enfants, a toujours clamé son innocence, affirmant avoir simplement été embauché pour installer des machines industrielles dans ce qu’il pensait être une usine d’acrylique.
Initialement condamné à perpétuité, Serge Atlaoui a vu sa peine alourdie en appel par la Cour suprême indonésienne qui l’a condamné à mort. En 2015, il a échappé de justesse à une exécution collective aux côtés de huit autres condamnés après une intense mobilisation diplomatique française.
L’Indonésie, l’une des législations antidrogue les plus sévères au monde
L’Indonésie est connue pour sa politique de « tolérance zéro » en matière de drogues. Le pays compte actuellement plus de 530 condamnés à mort, dont 90 étrangers, la plupart pour des affaires de stupéfiants selon des ONG. En décembre, outre Mary Jane Veloso, 5 Australiens membres du gang des « Bali Nine », condamnés pour trafic d’héroïne, ont aussi été renvoyés purger leurs peines dans leur pays après un accord entre gouvernements.
Un autre Français, Félix Dorfin, arrêté en 2018 à Lombok avec plusieurs kilos de drogue, avait lui aussi été condamné à mort en 2019 avant de voir sa peine commuée en 19 ans de prison. Il purge actuellement sa sentence dans une prison indonésienne. Au moins 4 autres ressortissants tricolores sont actuellement condamnés à mort à travers le monde, selon l’association Ensemble contre la peine de mort.
Les exécutions capitales en pause depuis 2016
Malgré sa législation draconienne, l’Indonésie n’a procédé à aucune exécution capitale depuis 2016. Cette année-là, 4 condamnés pour trafic de drogue, dont 3 Nigérians, avaient été fusillés. Le président Joko Widodo, réélu en 2019, s’était engagé à maintenir la peine de mort, en particulier pour les crimes liés aux stupéfiants, malgré les protestations des défenseurs des Droits de l’Homme.
La démarche française pour le transfèrement de Serge Atlaoui témoigne toutefois d’un espoir de voir sa situation évoluer favorablement. Son avocat évoque « un signe positif de la part de l’Indonésie d’envisager une solution humaine après toutes ces années. » Contactée, l’ambassade de France à Jakarta s’est refusée à tout commentaire à ce stade.
