En Serbie, la justice a rendu son verdict dans l’affaire de la fusillade mortelle survenue dans une école de Belgrade en 2023. Les parents de l’auteur, un adolescent de 13 ans au moment des faits, ont été condamnés ce lundi à des peines de prison pour leur rôle indirect dans ce drame qui a profondément choqué le pays.
Selon une source proche du dossier, le père a écopé d’une peine de 14 ans et demi de réclusion, tandis que la mère a été condamnée à 3 ans de prison. Tous deux ont été reconnus coupables de graves négligences ayant conduit à cette tragédie sans précédent en Serbie, où les fusillades de masse restent rares malgré un taux élevé de possession d’armes.
Reconstitution des faits
Le jour du drame, l’adolescent était entré dans son établissement scolaire muni d’une arme à feu dérobée à son père. Il avait alors abattu neuf élèves et un agent de sécurité avant d’être maîtrisé. En raison de son jeune âge, il n’a pu être tenu pénalement responsable de ses actes au regard de la loi serbe. Placé depuis dans un établissement psychiatrique, il a néanmoins été entendu comme témoin lors du procès de ses parents.
L’enquête a mis en lumière de graves manquements dans la sécurisation de l’arme du crime et dans la surveillance de l’enfant. D’après nos informations, le père avait notamment emmené son fils s’entraîner au tir sur cible. L’instructeur du stand de tir a lui aussi été condamné à une peine de prison dans cette affaire.
Un procès à huis clos
Pour préserver la sérénité des débats, le tribunal avait décidé de tenir le procès à huis clos. Le verdict a été rendu public ce lundi, après 11 mois de procédure. Si le parquet s’est déclaré globalement satisfait des condamnations prononcées, il compte néanmoins faire appel pour obtenir des peines plus sévères à l’encontre du père et de l’instructeur de tir.
De leur côté, les avocats de la défense ont également annoncé leur intention de faire appel du jugement. La mère de l’auteur de la fusillade, bien qu’acquittée pour une partie des charges pesant contre elle, n’échappera donc pas à la prison. Une peine symbolique au regard de l’immense douleur des familles des victimes.
L’onde de choc dans la société serbe
Au-delà de la sphère judiciaire, ce drame a engendré une véritable onde de choc dans la société serbe. Dans les semaines qui ont suivi la fusillade, des manifestations antigouvernementales de grande ampleur ont secoué le pays. Des dizaines de milliers de citoyens ont défilé pour exiger la démission de certains responsables politiques et dénoncer la glorification de la violence dans les médias.
Cette tragédie a également remis en lumière la problématique de la possession d’armes en Serbie, un héritage complexe des conflits qui ont déchiré la région dans les années 1990. Touchées en plein cœur, de nombreuses familles de victimes ont engagé des poursuites civiles contre les parents du tireur, en quête d’une justice qui ne pourra jamais effacer leur souffrance.
Au terme de ce procès hors normes, la société serbe reste plus que jamais meurtrie par ce drame qui a fauché la vie de neuf enfants et d’un adulte. Un bilan lourd qui interroge sur les racines de la violence et les moyens de la prévenir. Car au-delà des responsabilités individuelles, c’est toute une nation qui doit se reconstruire après avoir été confrontée à l’impensable.