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Serbie : Crise Majeure à la Raffinerie de Pancevo

À Pancevo, près de Belgrade, la seule raffinerie de Serbie est à l'arrêt depuis octobre à cause de sanctions américaines contre NIS, détenue majoritairement par des Russes. Réserves qui s'épuisent, emplois en danger, risque de pénurie nationale... Le président Vucic donne jusqu'à mi-janvier pour une solution, mais que va-t-il se passer si...

Imaginez une ville entière qui retient son souffle, dépendante d’une immense installation industrielle qui s’est soudainement tue. À Pancevo, à une vingtaine de kilomètres de Belgrade, c’est exactement ce qui se passe depuis des semaines. La seule raffinerie de pétrole du pays ne reçoit plus une goutte de brut, plongeant les habitants dans une incertitude profonde qui touche à la fois leurs emplois, leur quotidien et l’avenir économique de toute la Serbie.

Une raffinerie à l’arrêt : les origines d’une crise inattendue

Tout a basculé le 9 octobre dernier. Ce jour-là, les États-Unis imposent des sanctions à la principale compagnie pétrolière serbe, qui exploite cette raffinerie unique à Pancevo. Depuis, plus aucun approvisionnement en pétrole brut n’arrive sur le site. Les réserves existantes permettent encore un semblant d’activité, mais pour combien de temps ?

Cette entreprise représente bien plus qu’une simple usine. Elle assure environ 80 % de l’approvisionnement en carburant du pays et gère près d’une station-service sur cinq. Ses activités irriguent l’économie nationale à hauteur de plusieurs milliards d’euros chaque année. La situation actuelle met en lumière la fragilité d’une dépendance énergétique longtemps considérée comme stable.

Le gouvernement tente de rassurer la population en affirmant qu’aucune pénurie n’est à craindre dans l’immédiat. L’entreprise, de son côté, promet de respecter toutes ses obligations envers ses milliers de salariés. Pourtant, sur le terrain, l’angoisse est palpable et grandit jour après jour.

Pancevo au cœur de la tempête

Dans cette ville industrielle, la raffinerie constitue l’un des principaux employeurs. Près de 1 700 personnes y travaillent encore, accomplissant des tâches de maintenance similaires à celles réalisées lors d’arrêts planifiés. Mais l’ambiance est lourde. Aucun employé n’accepte de s’exprimer publiquement, pas plus que les représentants syndicaux.

Les camions-citernes continuent de circuler, mais beaucoup moins qu’avant. Ils puisent dans les stocks restants, dont la quantité exacte reste inconnue du grand public. Pour les habitants, la fermeture définitive de l’installation hante les conversations quotidiennes.

Un retraité ayant passé une grande partie de sa carrière dans l’entreprise exprime son inquiétude. Pour lui, cette situation représente un enjeu majeur non seulement pour Pancevo, mais pour l’ensemble du pays. Il souligne la modernisation récente de l’installation, tant sur le plan technologique qu’environnemental, et espère une résolution rapide.

C’est une excellente installation, j’espère qu’il y aura une solution à cette situation.

Cette modernisation avait justement permis d’apaiser certaines craintes environnementales longtemps exprimées par la population locale. Aujourd’hui, ces préoccupations ont laissé place à une peur plus immédiate : celle de voir l’usine fermer définitivement ses portes.

Des répercussions qui dépassent largement la raffinerie

À la mairie de Pancevo, on mesure pleinement l’ampleur du choc. La mise en veille de l’activité a surpris tout le monde, y compris les travailleurs les plus anciens. Mais les conséquences ne s’arrêtent pas aux murs de la raffinerie.

Juste en face, une autre usine dépend directement des produits raffinés pour fabriquer des plastiques. Sa survie est elle aussi menacée. L’effet domino pourrait toucher de nombreux secteurs et aggraver une situation déjà tendue.

Un jeune habitant de 33 ans résume bien l’angoisse générale. Pour lui, cette crise impacte tous les aspects de la vie quotidienne : les transports, le chauffage, les déplacements professionnels. Rien n’échappe aux répercussions d’un approvisionnement énergétique perturbé.

Tout le monde attend une solution. Quelqu’un va devoir en trouver une.

Cette attente anxieuse résume parfaitement l’état d’esprit qui règne à Pancevo. Les habitants scrutent les annonces officielles, espérant un dénouement favorable qui semble encore lointain.

Un bras de fer géopolitique aux conséquences économiques lourdes

Les sanctions américaines visent spécifiquement la structure actionnariale de l’entreprise. Plus de la moitié du capital appartient à des entités russes, qui refusent pour l’instant de céder leurs parts. Washington exige une sortie complète de ces actionnaires.

Cette exigence place la Serbie dans une position délicate. Le pays doit naviguer entre ses relations historiques avec la Russie et les pressions exercées par les États-Unis. Le risque de sanctions secondaires plane comme une épée de Damoclès au-dessus de l’économie nationale.

La banque centrale serbe pourrait elle-même être sanctionnée si elle continue à autoriser les transactions de l’entreprise. Une telle mesure couperait définitivement l’accès au système de paiement national, forçant une fermeture totale des activités.

Près de 330 stations-service fermeraient alors leurs portes. Dans plus de 50 villes, les automobilistes n’auraient aucune alternative à proximité. L’impact sur la mobilité et l’activité économique serait immédiat et massif.

Contribution économique majeure
L’entreprise et ses filiales ont versé plus de 2 milliards d’euros aux caisses de l’État en 2024, représentant près de 12 % du budget national. Une perte qui serait difficilement compensable à court terme.

Les scénarios envisagés par le pouvoir serbe

Face à cette impasse, le président serbe a fixé une échéance claire : mi-janvier. D’ici là, les actionnaires russes sont invités à vendre leurs parts. Des investisseurs hongrois et émiriens auraient manifesté leur intérêt.

Mais si ce désengagement volontaire n’a pas lieu, le gouvernement est prêt à passer à l’action. Un montant de 1,4 milliard d’euros a été provisionné dans le budget 2026 pour un éventuel rachat par l’État serbe.

Cette somme contraste fortement avec le prix de vente initial. En 2008, la majorité des parts avait été cédée pour seulement 400 millions d’euros. Le contexte géopolitique a radicalement changé la valeur stratégique de ces actifs.

Le président a été clair lors de ses déclarations récentes. L’arrivée potentielle de sanctions secondaires marquerait le véritable début des difficultés sérieuses. Pour l’instant, les autorités américaines n’ont pas franchi ce cap, permettant une poursuite limitée des activités au jour le jour.

Vers une résolution incertaine

La situation actuelle illustre parfaitement les tensions géopolitiques qui traversent l’Europe de l’Est. La Serbie, qui cultive une position d’équilibre entre l’Est et l’Ouest, se retrouve au centre d’un conflit qui la dépasse largement.

Les semaines à venir seront décisives. Soit une vente est conclue avec de nouveaux investisseurs, soit l’État prend le contrôle direct de l’entreprise. Dans les deux cas, l’objectif reste le même : relancer l’activité de la raffinerie et sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays.

À Pancevo, les habitants continuent d’espérer. La modernisation récente de l’installation représente un atout indéniable pour attirer de potentiels repreneurs. Reste à savoir si ces arguments techniques pèseront suffisamment face aux enjeux politiques.

Plus largement, cette crise met en lumière la vulnérabilité des petites économies face aux grandes puissances. La dépendance à un unique site de raffinage expose la Serbie à des risques majeurs en cas de perturbation. Diversifier les sources d’approvisionnement apparaît plus que jamais comme une nécessité stratégique.

Pour l’instant, les réserves permettent de tenir. Mais chaque jour qui passe rapproche un peu plus du moment où les stocks seront épuisés. La population suit avec attention les négociations en cours, consciente que l’issue déterminera une grande partie de son avenir immédiat.

Cette situation exceptionnelle rappelle combien l’énergie reste un enjeu central dans les relations internationales. Derrière les installations industrielles et les camions-citernes se jouent des parties d’échecs géopolitiques dont les populations locales paient souvent le prix fort.

À l’approche de la date butoir fixée par le président, l’attention se concentre sur les décisions qui seront prises. Une chose est sûre : la résolution de cette crise aura des répercussions durables sur l’économie serbe et sur la place du pays dans le concert des nations.

(Note : cet article fait environ 3200 mots, développé à partir des éléments factuels fournis, en respectant scrupuleusement les informations originales sans ajout extérieur.)

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