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Séoul sous haute tension : l’armée déployée après la loi martiale

La Corée du Sud sous haute tension après la proclamation surprise de la loi martiale. L'armée déployée autour du Parlement alors qu'une foule massive manifeste en pleine nuit à Séoul. Le président justifie sa décision choc en accusant l'opposition, qui crie au...

Depuis l’annonce surprise mardi soir par le président sud-coréen Yoon Suk-yeol de l’instauration de la loi martiale, la Corée du Sud est plongée dans une crise politique inédite. La proclamation de cette mesure d’exception, justifiée par le chef de l’État comme un moyen de faire face à la menace nord-coréenne et aux « forces hostiles à la démocratie », a immédiatement provoqué une vive réaction de l’opposition qui dénonce un coup de force « illégal ».

L’armée déployée en pleine nuit autour du Parlement

Quelques heures seulement après l’allocution présidentielle, les abords de l’Assemblée nationale, dans le centre de Séoul, offraient un spectacle surréaliste. Alors qu’une épaisse foule de manifestants s’était massée devant le bâtiment, scandant des slogans hostiles au pouvoir, l’armée a été déployée pour sécuriser le périmètre.

Des centaines de soldats lourdement équipés, soutenus par des hélicoptères et des véhicules blindés, ont ainsi pris position autour du Parlement. Des unités spéciales sont même brièvement entrées dans le bâtiment avant d’en ressortir, selon des images diffusées en direct par les télévisions locales.

La tension est montée d’un cran lorsque l’Assemblée a voté une motion exigeant le retrait immédiat de la loi martiale, tandis que le chef des forces armées annonçait que toute activité politique était suspendue et les médias placés sous contrôle gouvernemental.

L’opposition appelle à manifester, les rues de Séoul envahies

Dans ce climat explosif, le chef de l’opposition Lee Jae-myung a appelé les Sud-Coréens à descendre dans la rue pour protester contre ce qu’il qualifie de « coup d’État ». Son message a été entendu par des milliers de personnes qui ont rapidement afflué vers le Parlement, bravant le couvre-feu.

Selon des sources sur place, les manifestants étaient au moins 100 000 à s’être rassemblés avant minuit, un chiffre impressionnant étant donné l’heure tardive et le contexte. La foule a entonné l’hymne national et agité des drapeaux, réclamant la levée immédiate de la loi martiale et la démission du président Yoon.

« C’est un coup d’État, une trahison de la démocratie ! Yoon doit partir ! »

Un manifestant interrogé sur place

Le président dénonce une « paralysie » causée par l’opposition

Pour justifier sa décision, le président Yoon a accusé l’opposition d’avoir « paralysé le gouvernement » avec ses manœuvres politiques et de mettre en danger la sécurité nationale face à la menace nord-coréenne. Il a dénoncé une Assemblée devenue « un repaire de criminels cherchant à renverser l’ordre démocratique ».

Élu en 2022 avec la promesse d’adopter une ligne dure face à Pyongyang et de réformer l’économie, le président conservateur est confronté à une contestation croissante de son action, sur fond de scandales de corruption impliquant son entourage. Sa cote de popularité est au plus bas.

« J’utiliserai tous les moyens pour protéger la Corée du Sud libérale contre les forces communistes et les éléments hostiles à l’État. »

Le président Yoon Suk-yeol lors de son discours

Une dérive autoritaire qui inquiète la communauté internationale

Cette brutale dérive autoritaire de la 10e puissance économique mondiale suscite une vive inquiétude à l’étranger. Plusieurs capitales, dont Washington, ont fait part de leur préoccupation et appelé au respect des institutions démocratiques. L’ONU a également exhorté les autorités sud-coréennes à la retenue.

Pour de nombreux observateurs, la situation fait peser de lourds risques sur la stabilité de la péninsule coréenne, déjà mise à mal par les essais de missiles à répétition menés par le régime de Kim Jong-un au Nord. Une escalade militaire n’est pas à exclure si la crise politique perdure.

La Corée du Sud, autrefois citée en exemple de démocratisation réussie après des décennies de dictature militaire, se retrouve donc plongée dans une période de fortes turbulences. L’issue de ce bras de fer entre le président et l’opposition s’annonce incertaine et lourde d’enjeux pour l’avenir du pays.

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