Dans les rues de Séoul, la colère gronde. Des centaines de milliers de Sud-Coréens, emmitouflés pour faire face au froid glacial, brandissent des pancartes réclamant la destitution du président Yoon Suk Yeol. Malgré l’échec de la motion visant à le sanctionner pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale, le mécontentement ne faiblit pas. La Corée du Sud s’enfonce dans une crise politique d’une ampleur inédite.
Un coup de force qui tourne au fiasco
Tout a commencé le 3 décembre dernier, lorsque le président conservateur a promulgué en catastrophe la loi de sécurité nationale, avant de faire volte-face quelques heures plus tard. Un coup de théâtre qui a plongé le pays dans la confusion la plus totale. D’après une source proche du dossier, cette mesure d’exception était censée protéger la Corée du Sud des « forces communistes nord-coréennes ». Mais le timing et les motivations réelles interrogent.
Pour beaucoup, il s’agit surtout d’une tentative désespérée de Yoon Suk Yeol de reprendre la main, alors que sa popularité est en chute libre depuis son élection. Corruption, trafic d’influence, nominations douteuses… Les scandales s’accumulent et minent la crédibilité du chef de l’État. « Il est prêt à tout pour sauver sa peau, quitte à bafouer nos droits démocratiques les plus élémentaires », s’indigne Park Ji-eun, une manifestante.
Une opposition déterminée à en découdre
Face à la fronde populaire, les principaux partis d’opposition ont uni leurs forces pour lancer une procédure de destitution contre le président. Mais sans surprise, la motion a été rejetée par le Parlement, où le camp conservateur reste majoritaire malgré les défections. Un camouflet qui n’entame en rien la détermination des protestataires.
Nous reviendrons manifester, encore et toujours, jusqu’à ce qu’il soit dehors !
Madame Kang, une manifestante
Dans une ultime tentative pour calmer le jeu, le président s’est mis « en retrait » et a confié les rênes du pouvoir à son Premier ministre. Mais cette manœuvre est loin de convaincre. « C’est un aveu de faiblesse. En réalité, il tire toujours les ficelles en coulisses. Nous ne nous laisserons pas berner », avertit Kim Seong-min, un autre manifestant.
Un pays au bord de l’implosion
Avec cette crise sans précédent, c’est la stabilité même de la démocratie sud-coréenne qui est en jeu. Le fossé se creuse chaque jour davantage entre une classe politique décriée et une société civile qui réclame du changement. « Notre pays est au bord de l’implosion. Il faut tourner la page de ces vieilles pratiques et instaurer une vraie transparence », plaide Park Ji-eun.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir de la Corée du Sud. Les manifestants promettent de maintenir la pression avec de nouveaux rassemblements, tandis que le président Yoon semble plus affaibli que jamais. Selon des experts, le pays pourrait bien s’enfoncer dans un hiver de tous les dangers sur le plan politique et social. Le pire reste peut-être à venir.
Une chose est sûre : la colère qui gronde à Séoul est symptomatique d’une rupture profonde entre les citoyens et leurs dirigeants. Pour restaurer la confiance, il faudra bien plus que de simples déclarations d’intention ou des compromis de façade. La démocratie sud-coréenne est à un tournant de son histoire. Et nul ne peut prédire quelle direction elle prendra au sortir de cette crise inédite.