C’est un discours très attendu qui résonnera ce vendredi dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale sénégalaise. Neuf mois après sa nomination, le Premier ministre Ousmane Sonko va enfin prononcer sa déclaration de politique générale, un exercice incontournable inscrit dans la tradition républicaine du pays depuis son indépendance en 1960. Face aux députés, le chef du gouvernement devra expliquer en détail sa feuille de route pour développer le Sénégal à court et moyen terme.
Un discours reporté à plusieurs reprises
Initialement, Ousmane Sonko aurait dû se plier à cet exercice peu après sa nomination en avril dernier par le président Bassirou Diomaye Faye, son alter ego politique qu’il avait fait élire après l’invalidation de sa propre candidature. Mais le bouillant Premier ministre avait refusé en juin de se présenter devant un Parlement dominé à l’époque par un camp qui lui était hostile, invoquant des irrégularités dans le règlement intérieur de l’Assemblée. S’en était suivi un bras de fer de plusieurs semaines entre l’exécutif et le législatif.
Un nouveau report a eu lieu mi-septembre après la dissolution surprise du Parlement par le président Faye. Des élections législatives anticipées ont alors été convoquées le 17 novembre. Sans surprise, elles ont été largement remportées par le parti de la majorité présidentielle, offrant à Ousmane Sonko les coudées franches pour déployer son programme.
Les grands défis du Sénégal
Dans son discours très attendu, le Premier ministre va devoir détailler les solutions que compte apporter son gouvernement aux nombreux défis qui se dressent sur la route du Sénégal :
- Le chômage endémique des jeunes
- La vie chère et l’inflation galopante
- La faiblesse de la croissance économique
- La consolidation encore fragile de la démocratie
- Les carences des services publics comme la santé et l’éducation
Selon des proches du pouvoir, Ousmane Sonko devrait insister sur la nécessité d’engager des réformes systémiques pour « rompre le cercle vicieux de la dépendance et du sous-développement ». Il présentera la stratégie de développement à 5 ans de son gouvernement, qui s’inscrit dans un plan plus vaste à 25 ans, censé concrétiser les promesses de campagne.
Une situation économique « catastrophique »
Le Premier ministre n’éludera pas non plus la situation économique très dégradée dont son gouvernement a hérité. Fin septembre, Ousmane Sonko avait indiqué avoir trouvé les caisses de l’État quasiment vides, avec un déficit budgétaire abyssal représentant 10,4% du PIB et une dette publique de plus de 76% du PIB. Des chiffres inquiétants qui placent le Sénégal dans une position très délicate et contraignent le nouveau pouvoir à des arbitrages budgétaires difficiles.
Nous avons trouvé une situation catastrophique. Les comptes publics sont dans un état lamentable, le pays vit au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps. Il va falloir se serrer la ceinture.
Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal
Sur le plan social aussi, les voyants sont au rouge, le Sénégal figurant parmi les 25 pays les moins bien classés au monde en termes d’indice de développement humain. Autant de défis colossaux qui attendent Ousmane Sonko et son gouvernement et qui nécessiteront des réformes courageuses et probablement impopulaires.
L’épreuve de vérité pour Sonko
Plus qu’un discours, c’est un véritable oral de rattrapage qu’Ousmane Sonko va passer ce vendredi devant la représentation nationale. Après avoir fait longuement attendre le pays, le Premier ministre joue très gros et devra convaincre sur sa capacité à relever les immenses défis du Sénégal. Son discours est d’autant plus attendu qu’il avait été porté au pouvoir par une vague d’espoir et une soif de changement, suscitant une immense attente dans la population.
Ses détracteurs l’attendent eux aussi au tournant, prêts à épingler la moindre approximation ou faiblesse dans son projet de gouvernement. Ousmane Sonko a donc peu de marge de manoeuvre et va devoir démontrer qu’il est à la hauteur pour ne pas décevoir.
Une chose est sûre : le Sénégal et le monde entier auront les yeux rivés ce vendredi sur l’Assemblée nationale. De ce discours dépendra en grande partie la suite du quinquennat d’Ousmane Sonko et l’avenir du pays pour les décennies à venir. Un rendez-vous à ne pas manquer.
