Le paysage politique sénégalais est secoué par une nouvelle affaire judiciaire impliquant un opposant de premier plan. Bougane Guèye, chef d’un petit parti membre d’une coalition d’opposition et candidat aux élections législatives du 17 novembre, a été condamné mercredi à un mois de prison avec sursis par un tribunal de Tambacounda, dans l’est du pays. Les faits qui lui sont reprochés : “refus d’obtempérer”, après avoir tenté de forcer un barrage de gendarmes pour se rendre sur les lieux de graves inondations.
Une interpellation musclée
Selon des sources proches du dossier, Bougane Guèye a été interpellé le 19 octobre alors qu’il tentait de rejoindre la ville de Bakel, durement touchée par la crue du fleuve Sénégal, pour y distribuer des vivres et de l’aide aux victimes. Son cortège a été stoppé par les gendarmes, qui souhaitaient laisser la priorité à celui du chef de l’État Bassirou Diomaye Faye. Refusant d’obtempérer, l’opposant a décidé de continuer sa route à pied, avant d’être contraint de monter dans un véhicule des forces de l’ordre, comme le montrent des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Un procès express
Jugé en comparution immédiate, Bougane Guèye a écopé d’un mois de prison avec sursis et d’une amende de 100 000 francs CFA (environ 150 euros). Il a cependant été relaxé des chefs de “rébellion et outrage”. Ses avocats dénoncent la sévérité de la peine requise par le parquet – 3 mois de prison ferme – et se félicitent que leur client soit “libre de ses mouvements” après 11 jours passés derrière les barreaux.
Un opposant virulent
Homme d’affaires prospère à la tête d’un groupe de presse, Bougane Guèye est un opposant de longue date au Sénégal. Après avoir été un pourfendeur acharné du régime précédent, il s’est illustré ces derniers mois par ses critiques acerbes envers les autorités actuelles, arrivées au pouvoir en avril dernier. Un positionnement qui lui a valu de solides inimitiés dans les cercles du pouvoir.
Le spectre des dérives autoritaires
Au-delà du cas de Bougane Guèye, ce sont les libertés politiques qui sont en question au Sénégal. L’interpellation de l’opposant, comme la mise en cause récente de plusieurs personnalités politiques, militants et journalistes, font craindre un retour des dérives autoritaires et une restriction abusive des droits. De nombreuses voix s’élèvent pour appeler les autorités à respecter leurs engagements en faveur d’une rupture avec les heures sombres du passé.
Un test démocratique
Alors que la campagne pour les législatives bat son plein, l’affaire Bougane Guèye apparaît comme un test grandeur nature pour la démocratie sénégalaise. Si l’opposant pourra finalement participer au scrutin et faire entendre sa voix, son interpellation laisse un goût amer et soulève des interrogations sur l’état réel des libertés dans le pays. Les semaines à venir, et le déroulement du vote, seront scrutés avec attention, tant par les observateurs que par une opinion publique qui aspire à un véritable changement.