En ce dimanche électoral au Sénégal, l’avenir politique du pays se joue dans les bureaux de vote. Dès l’ouverture du scrutin à 8h, les électeurs se sont pressés, déterminés à faire entendre leur voix. Au cœur des enjeux : la composition de la future Assemblée nationale et la marge de manœuvre dont disposera le gouvernement pour mener à bien son programme de “rupture et de justice sociale”.
Un exécutif en quête d’une majorité absolue
Pour le président Bassirou Diomaye Faye et son mentor, le Premier ministre Ousmane Sonko, ce scrutin est capital. Élus en mars dernier sur la promesse d’un changement radical, ils ont hérité d’une Assemblée encore dominée par l’ancienne majorité. Une situation de cohabitation qui a considérablement freiné leur action durant ces premiers mois de mandat.
Aujourd’hui, ils espèrent bien renverser la donne. Selon une source proche du pouvoir, l’objectif est clair : décrocher une majorité des trois cinquièmes. Cela leur permettrait notamment de réviser la Constitution sans passer par un référendum et, éventuellement, de mettre en accusation l’ancien président Macky Sall.
Des électeurs partagés entre espoir et méfiance
Dans les files d’attente qui s’étirent devant les bureaux de vote, les conversations vont bon train. Si certains, comme Pascal Goudiaby, 56 ans, espèrent “une victoire du Pastef (le parti du Premier ministre, ndlr) pour mieux dérouler leur mandat”, d’autres se montrent plus sceptiques. “On nous promet monts et merveilles à chaque élection, mais au final, peu de choses changent”, soupire Aïssatou, une jeune infirmière.
“La priorité c’est le chômage, les jeunes sont tellement confrontés au chômage.”
Pascal Goudiaby, électeur
Reste que la volonté de changement semble bien présente. Face à une situation économique difficile et des inégalités criantes, beaucoup voient dans ce scrutin l’opportunité d’impulser une nouvelle dynamique. “On veut des députés qui se battent vraiment pour améliorer nos conditions de vie”, résume Amadou, commerçant de 42 ans.
L’opposition met en garde contre un “pouvoir hégémonique”
De son côté, l’opposition ne compte pas se laisser faire. Dénonçant le “projet de pouvoir absolu” et “l’incompétence” du tandem Faye-Sonko, elle appelle à faire barrage à une majorité qu’elle juge “dangereuse”. “Leur accorder les pleins pouvoirs serait une grave erreur, il faut préserver les contre-pouvoirs”, alerte un responsable de la coalition d’opposition.
Un discours qui trouve un certain écho chez des électeurs inquiets d’une dérive autoritaire. “Je voterai contre le Pastef, car je crains qu’ils ne finissent par confisquer tous les leviers du pouvoir”, confie Saliou, professeur à la retraite.
Des résultats attendus dès lundi
Pour l’heure, le suspens reste entier. Les bureaux de vote doivent fermer à 18h et des projections fiables pourraient être disponibles dès lundi matin grâce aux médias, selon des sources concordantes. Les Sénégalais devraient alors avoir une idée plus précise du rapport de force à l’Assemblée et de la capacité du pouvoir à mettre en œuvre son programme.
Une chose est sûre : ces élections législatives marqueront un tournant dans la vie politique sénégalaise. Soit en offrant au président Faye et au Premier ministre Sonko les coudées franches pour lancer leur “révolution”, soit en les contraignant à composer avec une opposition revigorée. Verdict dans quelques heures.