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Sécurité en prison : Le fléau de la pratique du “yoyo” à la Santé

Dans les coulisses de la maison d'arrêt de la Santé. Révélations chocs sur le fléau de la pratique du "yoyo" qui mine la sécurité. Découvrez l'ampleur de ce trafic illicite qui frappe les prisons françaises.

Au cœur de Paris, la maison d’arrêt de la Santé est confrontée à un fléau qui mine la sécurité depuis des décennies : la pratique du “yoyo”. Chaque jour, des colis illicites contenant téléphones portables, drogues, couteaux et denrées alimentaires sont projetés par-dessus les murs d’enceinte, à destination des détenus. Un trafic en plein essor, aggravé par la surpopulation carcérale chronique. Reportage exclusif dans les coulisses d’une prison sous haute tension.

Le “yoyo”, une pratique vieille comme la prison

Interrogé sur l’ancienneté du phénomène, le directeur de l’établissement Bruno Clément-Petremann est sans appel : “Depuis 1867, date de création de la prison de la Santé. C’est une prison de centre-ville, il y a toujours eu des projections et il y en aura toujours”. Une fatalité pour cette maison d’arrêt nichée en plein cœur de la capitale. Chaque jour, des complices extérieurs lancent par-dessus les murs d’enceinte des colis remplis d’objets et substances interdits.

Téléphones, drogues et armes au bout de la ficelle

Grâce au “yoyo”, les détenus se font livrer toutes sortes de produits illicites : smartphones dernier cri, résine de cannabis, héroïne, cocaïne, armes blanches… Mais aussi de la nourriture et des vêtements. Un trafic en règle, savamment organisé, qui permet aux prisonniers de maintenir un lien avec l’extérieur et d’importer leur business derrière les barreaux.

Chaque semaine, nous saisissons des dizaines de téléphones, des centaines de grammes de stupéfiants, des armes artisanales. C’est un combat quotidien.

– Un surveillant pénitentiaire

La surpopulation, terreau de tous les trafics

Avec un taux d’occupation de 180%, la maison d’arrêt de la Santé est en proie à une surpopulation carcérale endémique. Dans ces conditions de promiscuité extrême, la surveillance des détenus devient un véritable casse-tête pour les agents pénitentiaires, largement dépassés. Un contexte propice au développement des trafics en tout genre, le “yoyo” en tête.

Des mesures de sécurité insuffisantes

Malgré l’installation de filets anti-projection et le renforcement des rondes, les “parachutages” perdurent à un rythme soutenu. “Les lanceurs sont de plus en plus ingénieux. Ils utilisent des frondes, des drones, voire des catapultes de fabrication artisanale”, déplore un gradé. Face au manque de moyens humains et matériels, la lutte contre le “yoyo” s’apparente à une mission impossible pour l’administration pénitentiaire.

Un phénomène national en pleine expansion

Le cas de la Santé est loin d’être isolé. Selon un rapport sénatorial, la pratique du “yoyo” explose dans l’ensemble des prisons françaises, touchées à des degrés divers. De Marseille à Lille en passant par Toulouse, aucun établissement n’est épargné par ce fléau qui gangrène le système carcéral. Les projections alimentent une économie souterraine florissante et exacerbent les tensions entre détenus.

Un constat d’échec pour la politique carcérale ?

Face à l’ampleur du phénomène, certains pointent la faillite de la politique carcérale et réclament une réforme en profondeur du système pénitentiaire. Construction de nouvelles prisons, augmentation des effectifs, blocage des communications… Des pistes sont avancées, sans pour autant faire consensus. En attendant, le “yoyo” a encore de beaux jours devant lui et continuera de narguer l’administration pénitentiaire. Un secret de polichinelle qui profite aux voyous et mine la sécurité des établissements.

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