Le Guatemala est sous le choc suite à une tentative de membres d’une secte juive ultra-orthodoxe de reprendre par la force 160 enfants placés par les autorités dans un centre spécialisé. Ces mineurs avaient été secourus vendredi d’une propriété du groupe Lev Tahor, soupçonné de graves violences sexuelles sur enfants. L’affaire prend une tournure dramatique et soulève de nombreuses questions.
Assaut sur le centre d’accueil : les secouristes pris pour cible
Dimanche, une centaine de membres de la secte se sont rassemblés devant le centre de soins de la capitale où les enfants avaient été transférés, exigeant leur retour. Vers 16h30, certains ont forcé l’entrée pour enlever plusieurs mineurs avant que la police ne parvienne à les récupérer tous. Des heurts ont éclaté avec les personnes présentes venues en aide aux assaillants. Un chaos indescriptible.
Si les 160 enfants ont pu être mis en sécurité, un nombre indéterminé d’entre eux se sont échappés dans la confusion « avec l’aide d’adultes » selon les autorités. Une « alerte spéciale » a été déclenchée pour les retrouver au plus vite. Pour le secrétariat aux Affaires sociales, les fuyards se sont ainsi « soustraits au processus d’hébergement temporaire et exceptionnel » mis en place pour les protéger. L’inquiétude est grande quant à leur sort.
Des soupçons de crimes sexuels à l’origine du sauvetage
C’est suite à de lourds soupçons que les autorités ont investi vendredi la propriété de la secte Lev Tahor, à 60km au sud-ouest de la capitale. Selon le parquet, il existait des indices graves de traite d’êtres humains, de grossesses forcées sur mineures, de maltraitance d’enfants et de viols. Lors des recherches, les enquêteurs ont même découvert ce qui semble être les ossements d’un mineur décédé. De quoi justifier pleinement l’exfiltration des 160 jeunes pensionnaires.
Lev Tahor dément formellement ces accusations, criant au mensonge et à la persécution religieuse. Pour ses représentants, il existerait une « pression extérieure pour détruire la communauté » qui compte une cinquantaine de familles principalement guatémaltèques, américaines et canadiennes. Ils assurent que l’enquête n’est qu’une vaste machination visant à les discréditer.
Une secte déjà dans le collimateur des autorités
Fondé dans les années 80, le groupe Lev Tahor (« cœur pur » en hébreu) pratique une forme ultra-rigoriste du judaïsme. Il impose notamment à ses femmes le port de tuniques noires les recouvrant de la tête aux pieds. Arrivé au Guatemala en 2013, il s’est installé à Oratorio en 2016 après plusieurs descentes de police contre ses locaux, vraisemblablement à la demande d’Israël qui recherchait une mineure disparue.
Ce n’est pas la première fois que la secte défraie la chronique. En 2014, elle avait été expulsée d’un village maya suite à de multiples différends avec la population locale. Une réputation sulfureuse qui n’a fait que s’amplifier avec le temps, jusqu’au drame de ces derniers jours. Les langues commencent à se délier sur les pratiques plus que douteuses qui règneraient au sein de la communauté.
Une affaire qui soulève bien des questions
Quel sort attendait réellement ces 160 enfants entre les mains de la secte ? Combien d’autres mineurs pourraient être concernés ? Comment un tel drame a-t-il pu se produire aussi longtemps, au vu et au su de tous ? Que vont devenir les jeunes rescapés, potentiellement traumatisés ? Les autorités sauront-elles protéger ceux qui ont réussi à s’enfuir du centre d’accueil ?
Autant de questions brûlantes auxquelles il faudra apporter des réponses rapides et concrètes. C’est tout un système qui semble avoir failli, laissant ces enfants à la merci de leurs bourreaux présumés pendant des années. Une enquête approfondie devra faire toute la lumière sur cette sombre affaire, et des têtes devront tomber s’il s’avère que des responsables ont couvert ces agissements par complaisance ou lâcheté.
En attendant, la priorité est de mettre les jeunes victimes en sécurité et de leur apporter tout le soutien psychologique nécessaire. Un travail de longue haleine qui nécessitera patience et détermination. Espérons que ce drame aura au moins le mérite de secouer les consciences et d’inciter à plus de vigilance face aux dérives sectaires. Pour que plus jamais des innocents ne soient ainsi livrés aux mains de prédateurs sans scrupules.