En ce dimanche 7 juillet 2024, les Français sont appelés aux urnes pour le second tour des élections législatives anticipées, un scrutin historique dont l’issue s’annonce des plus incertaines. Après une campagne acharnée, marquée par la montée en puissance du Rassemblement national (RN), une gauche revigorée sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP) et une majorité présidentielle en péril, tous les regards sont tournés vers les résultats de ce soir qui détermineront l’avenir politique du pays pour les années à venir.
Un premier tour qui a rebattu les cartes
Le premier tour du 30 juin dernier a livré son verdict : le RN et ses alliés issus des Républicains sont arrivés largement en tête avec 33,2% des voix, devant le NFP (28%) et le bloc présidentiel Ensemble (20%). Cette victoire sans précédent de l’extrême droite lors d’un scrutin législatif a ouvert la voie à un scénario inimaginable il y a encore quelques mois : la possibilité pour le RN de décrocher la majorité absolue à l’Assemblée nationale et de former un gouvernement, une première depuis la Seconde Guerre mondiale.
La perspective d’un gouvernement RN
Si une telle hypothèse venait à se confirmer ce soir, ce serait un véritable séisme politique aux répercussions dépassant largement les frontières de l’Hexagone. «L’extrême droite a le potentiel de conduire à une déstabilisation plus large de l’Europe et de l’intégration européenne. Nous sommes confrontés à un danger existentiel», a ainsi mis en garde l’ancien Premier ministre grec Alexis Tsipras. Une inquiétude partagée par de nombreux dirigeants européens.
“L’extrême droite a le potentiel de conduire à une déstabilisation plus large de l’Europe et de l’intégration européenne. Nous sommes confrontés à un danger existentiel”
– Alexis Tsipras, ancien Premier ministre grec
Le “front républicain” à l’épreuve des urnes
Face à cette menace, un “front républicain” s’est organisé entre les deux tours pour tenter de faire barrage au RN. Pas moins de 130 candidats NFP et 80 d’Ensemble se sont désistés, faisant chuter le nombre de triangulaires de 306 à 89. Un sacrifice payant selon les derniers sondages qui ne donnent plus de majorité absolue au parti de Jordan Bardella, crédité désormais de 170 à 230 sièges selon les instituts. Mais dans ce contexte si particulier, les projections sont à prendre avec prudence.
Une participation record attendue
Signe de l’enjeu, la participation s’annonce une nouvelle fois très élevée, au même niveau qu’au premier tour (66,7%). Les électeurs ont déjà commencé à se mobiliser massivement samedi en Outre-mer et sur le continent américain. «Je n’ai pas voté en 2022 mais cette fois-ci, l’enjeu est trop important», témoigne Nina, une électrice de 31 ans en Guadeloupe. Un engouement qui traduit la prise de conscience des Français face à ce vote crucial pour l’avenir du pays.
“Je n’ai pas voté en 2022 mais cette fois-ci, l’enjeu est trop important”
– Nina, électrice de 31 ans en Guadeloupe
Les scénarios de l’après-scrutin
Si le RN échoue à obtenir une majorité absolue ce soir, s’ouvrira une période d’intenses tractations pour tenter de constituer une majorité alternative ou relative. Le Premier ministre Gabriel Attal a d’ores et déjà écarté toute alliance avec le RN ou La France insoumise. Quant aux Républicains, très divisés, ils ne semblent guère enclins à un tel scénario.
Emmanuel Macron pourrait alors être contraint de nommer un Premier ministre d’opposition, ouvrant la voie à une cohabitation potentiellement explosive. A moins qu’il ne se résolve à dissoudre de nouveau l’Assemblée, un pari plus que risqué. Une troisième voie consisterait pour le RN à s’allier au coup par coup avec LR et Ensemble, ce qui paraît complexe sur la durée.
Vers une recomposition politique ?
Quel que soit le résultat final, ce scrutin législatif aura été celui de tous les dangers et de tous les records. Jamais sous la Ve République, l’extrême droite n’aura été aussi proche du pouvoir, chamboulant totalement le paysage politique. La France aborde ce soir un tournant majeur de son histoire, dont les conséquences sont encore difficiles à entrevoir mais qui annoncent une recomposition en profondeur de sa vie politique. Réponse dans quelques heures.