Dans le nord-est du Zimbabwe, une sécheresse dévastatrice liée au phénomène El Niño ravage les cultures et menace la population de famine. Les paysans désemparés contemplent leurs champs de maïs brûlés par le soleil, tandis que les réserves d’eau s’assèchent. Face à cette catastrophe, les autorités tirent la sonnette d’alarme et appellent à l’aide internationale.
Des récoltes anéanties, des familles affamées
Georgina Kwengwere, une mère de six enfants, secoue la tête devant ses rangées de maïs cramé. Malgré tous ses efforts et l’investissement de ses économies dans les semailles, elle n’a rien récolté. Les légumes, habituellement cultivés à cette période, sont absents, faute d’eau depuis mai. Les villageois survivent comme ils peuvent, en cherchant de petits boulots pour ramener quelques dollars.
Dieu seul sait comment nous allons survivre jusqu’à la prochaine récolte.
Georgina Kwengwere, paysanne du district de Mudzi
La plupart des familles ne mangent plus que deux repas par jour. La malnutrition s’étend, touchant particulièrement les enfants, les femmes enceintes et allaitantes. Les autorités sanitaires ont enregistré une augmentation de 20% des cas ces trois derniers mois.
Une bouillie nutritive pour limiter les dégâts
Pour faire face, les autorités distribuent au moins une fois par semaine une bouillie très nutritive, confectionnée avec des ingrédients peu chers et locaux. Baptisée ironiquement “maworesa” (“la crème de la crème” en langue shona), elle permet de limiter la malnutrition sans grands frais. Mais cela suffira-t-il ?
Un pays en état de catastrophe naturelle
Le Zimbabwe, grenier à céréales de la région, est l’un des pays d’Afrique australe les plus touchés par cette grave sécheresse. Entre 40 et 80% du maïs a été décimé, ne permettant de nourrir qu’à peine plus de la moitié de la population. 7,6 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire selon le président Emmerson Mnangagwa.
- Le Zimbabwe, avec la Zambie et le Malawi, a déclaré l’état de catastrophe naturelle
- Le pays a besoin de deux milliards de dollars pour répondre à l’urgence
- L’ONU a lancé un appel de 430 millions de dollars en juin, resté sans réponse à ce jour
L’Unicef a également demandé 85 millions pour “fournir des interventions vitales”, en particulier pour les enfants, mais n’a reçu aucune contribution de donateurs hormis ses propres ressources. Pourtant, agir maintenant serait bien plus efficace et moins coûteux que de devoir traiter demain des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère, prévient l’organisation.
Un avenir incertain pour le Zimbabwe
Alors que la prochaine récolte n’aura lieu que dans un an, l’avenir s’annonce sombre pour les millions de Zimbabwéens frappés par cette sécheresse dévastatrice. Sans une aide humanitaire d’urgence conséquente, le pays pourrait basculer dans une crise alimentaire majeure, aux conséquences dramatiques.
La communauté internationale parviendra-t-elle à mobiliser à temps les fonds nécessaires ? Les exemples passés, comme la famine dans la Corne de l’Afrique en 2011 ayant causé des dizaines de milliers de morts, incitent à un pessimisme prudent. Mais face à l’ampleur du désastre, chaque jour compte pour sauver des vies et éviter le pire au Zimbabwe.