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Sébastien Simon Raconte Son Périple Glacial Dans L’Océan Indien

Sébastien Simon, actuellement deuxième du Vendée Globe, livre un témoignage glaçant sur les conditions extrêmes régnant près de la zone des glaces dans l'océan Indien. Un froid mordant, des vents violents et une mer déchainée mettent son monocoque à rude épreuve. Le skipper doit redoubler de prudence à l'approche des...

Dans les eaux glacées de l’océan Indien, le navigateur Sébastien Simon, actuel dauphin du Vendée Globe, se fraye un chemin périlleux aux portes de la zone interdite des icebergs. Alors que la plupart des marins ont choisi de remonter vers le nord pour échapper aux assauts d’une énorme dépression, lui et Charlie Dalin ont opté pour la route la plus au sud, la plus risquée mais potentiellement la plus rapide. Un pari audacieux qui semble payer, les deux skippers creusant l’écart en tête de course.

Mais dans une vidéo envoyée depuis son monocoque, Sébastien Simon témoigne de l’intensité de sa traversée actuelle. « Il fait un froid glacial ce matin, le vent est très instable » confie-t-il, casqué et emmitouflé. Son voilier de 18 mètres tangue violemment, pris dans une mer formée et des bourrasques à plus de 35 nœuds. « Je me suis réveillé avec le bateau à 35 nœuds et cela s’est fini avec un gros planté. Il faut être prudent. »

Un vent « très froid et très dense »

Le froid mordant s’avère l’un des pires ennemis du skipper en ce moment. « C’est un vent très froid, très dense. Dès qu’il y a une rafale, ça ne pardonne pas, ça accélère tout de suite » analyse-t-il. Une densité de l’air propre aux latitudes élevées qui décuple la puissance du vent. Sébastien s’efforce de garder une vitesse correcte tout en préservant son bateau. Car la zone des glaces approche, à environ 150 milles selon ses estimations.

Dans ces conditions extrêmes, la gestion de l’énergie et du sommeil devient cruciale. « J’essaye de me réchauffer comme je peux, j’essaye de manger » explique le navigateur, qui doit s’alimenter suffisamment pour maintenir sa vigilance et ses forces. Des siestes courtes mais régulières sont également indispensables pour tenir le rythme sur le long terme.

Le spectre des avaries

Car la menace des avaries n’est jamais loin dans cet environnement impitoyable, où les vagues et le froid mettent les bateaux à rude épreuve. Sébastien Simon en sait quelque chose, lui qui avait dû abandonner lors de la dernière édition du Vendée Globe sur casse de foil, puis avait été grièvement blessé aux cervicales quelques mois plus tard lors d’une transat. Des souvenirs douloureux qui incitent à la plus grande prudence.

La mer est très formée, c’est assez impressionnant. Dès qu’il y a une rafale, ça ne pardonne pas.

Sébastien Simon

Un duel à distance avec Charlie Dalin

Malgré le contexte difficile, le skipper de Groupe Dubreuil n’en oublie pas la course. Distancé d’environ 200 milles par Charlie Dalin, solide leader, il compte bien ne rien lâcher et saisir la moindre opportunité. Car en mer, les positions peuvent vite s’inverser au gré des conditions météo et des options stratégiques.

Un duel à distance électrisant pour les deux marins mais aussi éprouvant nerveusement, dans cette partie du globe où les dépressions se succèdent à un rythme effréné. Il faut sans cesse surveiller la situation, anticiper les phénomènes à venir et adapter sa route et sa vitesse en conséquence. L’Everest des mers ne laisse aucun répit à ceux qui tentent de le dompter.

L’entrée dans l’océan Indien, tournant majeur de la course

L’arrivée des premiers concurrents dans l’océan Indien marque en tout cas un tournant dans ce Vendée Globe 2024. Après un départ canon puis une traversée express de l’Atlantique, les écarts se sont fortement creusés ces derniers jours en raison des différentes trajectoires choisies.

Tandis que le duo de tête Dalin-Simon a foncé plein sud, les autres favoris comme Yannick Bestaven, Thomas Ruyant ou Jérémie Beyou sont partis chercher des vents plus portants plus au nord. Résultat, ils pointent désormais à plusieurs centaines de milles des hommes de tête. De quoi relancer complètement la course.

Les prochains jours s’annoncent donc décisifs, avec une descente engagée vers le redoutable Pacifique Sud. Mais d’ici là, les marins devront négocier au mieux leur progression dans cet océan Indien si piégeux. Entre stratégie, prise de risques et préservation du matériel et des hommes, l’exercice d’équilibriste se poursuit pour ces marins de l’extrême, au plus près de leurs limites.

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