Peut-on imaginer quelqu’un cherchant par tous les moyens à se faire incarcérer ? C’est pourtant le cas surprenant d’un SDF de 38 ans qui s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel de Nancy le 18 novembre dernier. Son objectif : retourner derrière les barreaux, coûte que coûte.
Un parcours de récidiviste
Cet homme, sans domicile fixe et en situation d’errance, n’en est pas à son premier délit. Selon une source judiciaire, son casier porte les traces d’un lourd passé :
Le prévenu a un casier fleuri comportant pas moins de 23 condamnations pour des faits de violences aggravées, outrages, menaces de mort et dégradations.
Presque autant de séjours en maison d’arrêt ponctués de remises en liberté, vécues comme un déchirement pour cet homme en quête d’un toit, fût-il carcéral.
Quand la liberté n’est plus supportable
Libéré le 24 septembre de la prison de Nancy-Maxéville, ce SDF ne supporte pas l’idée de se retrouver à nouveau livré à lui-même. Il décide alors de réintégrer illégalement l’établissement pénitentiaire quelques jours plus tard, en s’introduisant par la porte d’un fourgon.
Repéré, il est placé en garde à vue. Mais loin de le décourager, cette mesure le conforte dans sa stratégie. Il en profite pour vandaliser copieusement les geôles avec ses excréments.
L’engrenage des délits
Présenté devant un procureur, son cas semble relever davantage du médical que du judiciaire. Il est donc admis au Centre médico-psychologique. Mais dès l’annonce de sa prochaine sortie, il s’en prend violemment à une infirmière.
Retour case prison donc, avec un nouveau chef d’accusation. En garde à vue, il dégrade cette fois le matériel informatique. Son acharnement aura finalement eu raison de la patience des magistrats.
Un épilogue attendu
Jugé en comparution immédiate, notre forcené a été condamné à 18 mois de prison ferme pour:
- Détérioration de biens publics
- Violences sur personnel soignant
- Le tout en état de récidive légale
Une peine lourde mais sans surprise au regard de son parcours chaotique. Le tribunal aura finalement accédé au voeu le plus cher de cet homme brisé : retrouver un semblant de stabilité, fût-ce entre quatre murs.
Un dossier symptomatique
Au-delà de son caractère rocambolesque, cette affaire interroge sur la capacité de notre système judiciaire et carcéral à prendre en charge des profils aussi désocialisés. Malgré un casier déjà lourd, cet homme aura dû commettre des délits extrêmes et répétés pour obtenir ce qu’il recherchait depuis sa sortie : un retour en détention.
Un constat d’échec pour les dispositifs de réinsertion et d’accompagnement post-carcéral. Il aura fallu l’abnégation pathétique de ce SDF multi-récidiviste pour mettre en lumière les carences béantes d’un système à bout de souffle, incapable de proposer des alternatives à l’incarcération pour les plus fragiles.
