Sciences Po Paris, l’une des grandes écoles les plus renommées de France, s’apprête à vivre une petite révolution. Pour la rentrée 2025, l’établissement a décidé de revoir ses modalités d’admission, suscitant de vives réactions. Zoom sur ce changement qui ne passe pas inaperçu dans le monde de l’enseignement supérieur.
Un concours d’entrée repensé
Chaque année, ce sont plus de 15 000 candidats qui tentent leur chance au très sélectif concours d’entrée de Sciences Po Paris. Mais dès 2025, les règles du jeu vont changer. L’oral, souvent redouté, va prendre plus de poids dans la note finale. À l’inverse, les résultats scolaires, jusqu’ici prépondérants, verront leur importance légèrement réduite.
Derrière cet ajustement en apparence technique se cache un véritable enjeu : rouvrir les portes de Sciences Po aux lycéens issus des établissements les plus prestigieux. Car depuis quelque temps, une grogne montait du côté de ces lycées d’excellence, ceux affichant des taux de réussite au bac frôlant les 100%. Leurs proviseurs accusaient Sciences Po de “boycotter” leurs meilleurs éléments.
Le spectre de la discrimination positive
Le cœur du problème ? La volonté affichée de Sciences Po Paris de diversifier son recrutement et de favoriser une plus grande mixité sociale. Un objectif louable, mais qui se serait fait, selon certains, au détriment des élèves les plus brillants issus des lycées d’élite.
On a l’impression d’être pénalisés pour avoir fait le choix de l’excellence. C’est injuste !
– Un proviseur de lycée parisien
La réforme du concours apparaît donc comme un rééquilibrage subtil, visant à apaiser les tensions sans renier l’engagement de Sciences Po en faveur de l’ouverture sociale. Un véritable numéro d’équilibriste.
Quel impact pour les futurs candidats ?
Si la réforme peut sembler favorable aux lycéens des établissements les plus cotés, elle soulève aussi des questions. L’oral renforcé ne risque-t-il pas de favoriser les candidats les plus à l’aise à l’oral, souvent issus de milieux favorisés ? La pondération revue des résultats scolaires ne va-t-elle pas encourager une forme de bachotage ?
- Les lycéens devront travailler plus spécifiquement leurs qualités d’expression à l’oral
- La pression sur les notes pourrait s’accentuer dans les “grands lycées”
- Les établissements moins réputés craignent d’être encore plus marginalisés
Une chose est sûre : la course à l’admission à Sciences Po Paris promet d’être plus disputée que jamais. Les lycées d’élite y voient l’occasion de briller à nouveau, quand les autres redoutent d’être laissés sur le bord de la route. La réforme aura-t-elle l’effet escompté ? Réponse en 2025.
Sciences Po face au défi de la diversité
Au-delà de la seule question du concours, c’est toute la politique d’ouverture sociale de Sciences Po qui est en jeu. Depuis plusieurs années, l’école multiplie les initiatives pour attirer des profils variés : programmes dédiés aux lycées de ZEP, bourses, accompagnement renforcé…
Nous voulons que Sciences Po reflète la société dans toute sa diversité. C’est un enjeu de justice sociale mais aussi un enrichissement pour notre communauté.
– La direction de Sciences Po
Mais force est de constater que le chemin est encore long. Malgré les efforts déployés, les étudiants issus de milieux populaires restent minoritaires sur les bancs de Sciences Po. La réforme du concours suffira-t-elle à changer la donne ? Rien n’est moins sûr.
Une réflexion plus globale sur l’égalité des chances et l’accès aux filières d’excellence semble nécessaire. Sciences Po, en remaniant son concours, ouvre un débat qui dépasse largement ses murs. C’est tout le système éducatif français et son rapport à la méritocratie qui est questionné. Un vaste chantier en perspective.