C’est une scène inédite qui se déroule au cœur de Damas. Des milliers de Syriens convergent ce lundi matin vers la place des Omeyyades pour célébrer un moment historique : la chute de Bachar al-Assad et de son régime. Après un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad sur la Syrie, le peuple savoure enfin le goût de la liberté.
Selon des sources proches des rebelles, le président déchu aurait fui la capitale dimanche pour se réfugier à Moscou, chassé par une offensive fulgurante menée par une coalition de groupes rebelles islamistes. Cette opération militaire d’envergure, lancée il y a dix jours depuis le fief rebelle d’Idleb, a permis aux insurgés de conquérir en un temps record les grandes villes du pays, dont Alep, Hama, Deraa, Homs, jusqu’à entrer triomphalement dans Damas.
La joie des Syriens libérés
Sur la place des Omeyyades, l’ambiance est électrique en ce lundi matin. Dès la levée du couvre-feu nocturne imposé par les rebelles, une foule immense a commencé à affluer. Hommes, femmes, enfants, tous sont venus célébrer la fin d’un « cauchemar » qui aura duré un demi-siècle.
C’est indescriptible, on ne pensait pas que ce cauchemar allait se terminer, on renaît !
Rim Ramadan, 49 ans, employée du ministère des Finances
Des tirs de joie nourris et des klaxons retentissent, tandis qu’une épaisse fumée s’élève des bâtiments de sécurité voisins, incendiés la veille par les rebelles. Les Syriens savourent leur victoire, eux qui ont trop longtemps été bâillonnés par la peur.
Cela faisait 55 ans qu’on avait peur de parler, même à la maison, on se disait que les murs avaient des oreilles. On a l’impression de vivre un rêve.
Damas désertée puis envahie par la liesse
Avant cette explosion de joie, Damas s’était réveillée quasi déserte ce lundi matin, encore sous le choc des événements. Mais dès la levée du couvre-feu à 5 heures, une marée humaine a déferlé vers le centre-ville, comme un raz-de-marée trop longtemps contenu.
L’offensive éclair des rebelles
Cette joie soudaine des Damascènes est le fruit d’une offensive militaire aussi brève que spectaculaire menée par les rebelles. Le 27 novembre dernier, une coalition de groupes rebelles emmenée par Hayat Tahrir al-Sham lançait une vaste offensive depuis son fief d’Idleb. En seulement dix jours, profitant de l’effondrement des forces gouvernementales, les insurgés ont reconquis de vastes territoires et les grandes villes du pays, jusqu’à foncer sur la capitale.
Cette opération éclair marque un tournant de l’histoire syrienne. Déclenchée en 2011, la guerre civile née de la répression sanglante des manifestations pro-démocratie a fait plus de 500 000 morts et des millions de réfugiés et déplacés. Mais jamais les rebelles n’avaient réussi une telle percée.
L’avenir encore incertain
Si la chute du régime Assad suscite une immense vague d’espoir parmi les Syriens, l’avenir du pays reste encore très incertain. Le rôle qu’entend jouer la Russie, principal allié de Bachar al-Assad, pose question. De même que la capacité des différents groupes rebelles à s’entendre pour former un gouvernement de transition.
Mais pour l’heure, c’est bien la liesse et l’espoir qui dominent à Damas et dans toute la Syrie. Après tant d’années de souffrance et d’oppression, le peuple syrien retrouve enfin sa dignité et veut croire en des lendemains meilleurs. Une page se tourne, le plus dur reste à venir. Mais la Syrie revit.