Imaginez une salle de cinéma à Cannes, où le silence s’installe après la projection d’un film inattendu. Les spectateurs, encore sous le choc, échangent des regards émus. Ce moment, c’est celui qu’a offert Scarlett Johansson avec son premier long-métrage, Eleanor The Great, présenté en 2025 dans la section Un Certain Regard. Loin des blockbusters qui ont fait sa gloire, l’actrice de 40 ans se réinvente en réalisatrice et aborde un sujet aussi sensible que puissant : la mémoire des survivants de la Shoah. Comment une superstar hollywoodienne parvient-elle à captiver avec une histoire si intime et universelle ? Plongeons dans ce coup d’essai qui mêle rires, larmes et réflexions profondes.
Un Premier Film qui Surprend et Émeut
Scarlett Johansson n’est pas une inconnue à Cannes, mais en 2025, elle y apparaît sous un nouveau jour. Connue pour ses rôles dans des films d’action ou des drames intimistes, elle passe derrière la caméra avec une assurance déconcertante. Eleanor The Great n’est pas seulement un film : c’est une déclaration d’intention, un projet qui révèle une facette méconnue de l’artiste. Ce choix audacieux de s’attaquer à un sujet historique et émotionnel, tout en y insufflant une touche de légèreté, fait de ce film une œuvre à part.
Le film suit Eleanor Morgenstein, une femme de 94 ans, interprétée avec brio par June Squibb. Après la perte de sa meilleure amie, Eleanor quitte la Floride pour s’installer chez sa fille en banlieue de New York. Mais la vie en périphérie, morne et routinière, ne lui convient pas. Poussée par sa famille à trouver une occupation, elle s’inscrit à des activités dans un centre communautaire juif. Là, par un quiproquo, elle se retrouve dans un groupe de parole réservé aux survivants de la Shoah. Ce qui suit est une cascade d’événements aussi hilarants que bouleversants.
Une Héroïne Inoubliable : Eleanor Morgenstein
Eleanor, c’est le cœur battant du film. À 94 ans, elle déborde d’une énergie communicative, d’un humour mordant et d’une vivacité d’esprit qui défient son âge. June Squibb, actrice chevronnée, livre une performance éclatante, passant avec aisance de la comédie au drame. Son personnage n’est pas une survivante de la Shoah, mais, pour ne pas admettre qu’elle s’est trompée d’atelier, elle emprunte l’histoire de son amie défunte. Ce mensonge, au départ anodin, devient le fil conducteur d’une réflexion sur la mémoire, la vérité et la culpabilité.
« Eleanor, c’est une femme qui nous rappelle que l’humour peut être une arme contre la douleur, même face aux souvenirs les plus lourds. »
Ce qui rend Eleanor si captivante, c’est sa complexité. Elle n’est ni une héroïne parfaite ni une victime. Elle est humaine, imparfaite, et c’est précisément ce qui touche. Ses interactions avec une jeune étudiante en journalisme, qui voit en elle une source d’inspiration, ajoutent une couche de tendresse à l’histoire. Leur relation, faite de confidences et de malentendus, montre comment les générations peuvent se rejoindre autour de la mémoire collective.
Un Sujet Sensible Traité avec Finesse
Parler de la Shoah au cinéma est un exercice périlleux. Le risque de tomber dans le pathos ou la caricature est grand. Pourtant, Scarlett Johansson relève le défi avec une sensibilité remarquable. Eleanor The Great ne se contente pas de raconter une histoire : il explore la manière dont les survivants vivent avec leur passé. Le film aborde des thèmes comme la culpabilité du survivant, le poids de l’absence et la difficulté de transmettre une mémoire traumatique.
Plutôt que de s’appesantir sur les horreurs des camps, le film se concentre sur l’après. Comment vit-on après avoir survécu à l’impensable ? Comment trouve-t-on du sens dans un monde qui a basculé ? Ces questions, universelles, sont posées avec une douceur qui n’élude jamais la gravité du sujet. La réalisatrice évite les clichés en ancrant son récit dans des moments du quotidien, rendant l’émotion d’autant plus palpable.
Quelques chiffres clés sur la Shoah :
- 6 millions de Juifs ont été assassinés pendant la Shoah.
- Environ 1,5 million d’enfants figuraient parmi les victimes.
- Moins de 10 % des déportés dans les camps ont survécu.
L’Équilibre Parfait entre Rires et Larmes
Ce qui distingue Eleanor The Great, c’est son ton. Le film oscille entre comédie et drame avec une fluidité rare. Les moments de légèreté, souvent portés par l’humour caustique d’Eleanor, permettent de respirer entre les scènes plus graves. Cette alternance crée une dynamique qui maintient le spectateur en haleine, incapable de détourner le regard.
Scarlett Johansson, habituée aux productions grand public, sait comment captiver une audience large. Elle parsème son film de dialogues savoureux et de situations cocasses, comme lorsque Eleanor, prise dans son mensonge, doit improviser des détails sur un passé qu’elle n’a pas vécu. Ces instants, loin de minimiser la gravité du sujet, montrent que l’humour peut être un mécanisme de survie.
Une Réalisatrice qui Maîtrise son Art
Pour un premier film, Eleanor The Great impressionne par sa maîtrise. Scarlett Johansson démontre une compréhension fine de la mise en scène, jouant avec la lumière et les cadrages pour sublimer ses acteurs. Les scènes dans le centre communautaire, baignées de couleurs chaudes, contrastent avec la grisaille de la banlieue new-yorkaise, renforçant le sentiment d’espoir qui traverse le film.
La bande-son, discrète mais évocatrice, accompagne les émotions sans jamais les forcer. Chaque choix artistique semble réfléchi, preuve que Johansson n’est pas seulement une actrice talentueuse, mais une réalisatrice prometteuse. Son passé dans des blockbusters lui a sans doute appris à créer des œuvres accessibles, et ce film en est la parfaite illustration.
June Squibb : Une Performance Lumineuse
Si le film fonctionne si bien, c’est en grande partie grâce à June Squibb. À 94 ans, l’actrice apporte une énergie débordante à son rôle. Son Eleanor est à la fois drôle, touchante et profondément humaine. Elle incarne avec justesse une femme qui, malgré son âge, refuse de se laisser enfermer dans le rôle de la vieille dame fragile.
Les seconds rôles, comme celui de la jeune étudiante jouée par Erin Kellyman, complètent le tableau avec finesse. Chaque personnage, même secondaire, apporte une touche d’authenticité à l’histoire. Cette richesse dans les interactions fait de Eleanor The Great un film choral, où chaque voix compte.
Pourquoi ce Film Résone-t-il Autant ?
Eleanor The Great n’est pas seulement un film sur la Shoah. C’est une réflexion sur la manière dont nous portons nos histoires, qu’elles soient vraies ou empruntées. Il parle de la résilience, de la capacité à trouver du sens même dans les moments les plus sombres. En cela, il s’adresse à tous, quelle que soit leur histoire personnelle.
Le film pose aussi une question essentielle : comment transmettre la mémoire d’un génocide à une nouvelle génération ? À une époque où les survivants de la Shoah se font de plus en plus rares, cette interrogation est cruciale. Scarlett Johansson y répond avec une œuvre qui ne juge pas, mais invite à l’écoute et à la compréhension.
Aspect du film | Points forts |
---|---|
Scénario | Équilibre entre humour et émotion, dialogues percutants |
Mise en scène | Maîtrise visuelle, choix esthétiques cohérents |
Interprétation | Performance éclatante de June Squibb |
Cannes 2025 : Un Tremplin pour Scarlett Johansson
Présenté dans la section Un Certain Regard, Eleanor The Great a marqué les esprits à Cannes. Cette catégorie, dédiée aux œuvres originales et audacieuses, était le choix parfait pour ce film qui sort des sentiers battus. Scarlett Johansson y côtoie d’autres actrices-réalisatrices, comme Kristen Stewart et Harris Dickinson, confirmant que 2025 est une année de renouveau pour le cinéma.
Le public cannois, connu pour son exigence, a réservé un accueil chaleureux au film. Les rires et les larmes dans la salle témoignent de l’impact universel de l’histoire. Ce succès pourrait bien propulser Scarlett Johansson dans une nouvelle phase de sa carrière, celle d’une réalisatrice à suivre de près.
Un Film pour Tous les Publics
Si Eleanor The Great séduit, c’est aussi parce qu’il parle à un large public. Les amateurs de comédies apprécieront son humour vif, tandis que les passionnés de drames historiques y trouveront une profondeur rare. Les familles, les jeunes générations, les cinéphiles : tous peuvent se retrouver dans cette histoire qui célèbre la vie, même dans ses moments les plus complexes.
Le film n’évite pas les critiques, cependant. Certains reprochent à quelques scènes d’être trop calibrées pour plaire au public américain, avec un soupçon de sentimentalisme. Mais ces moments, rares, n’entachent pas la sincérité de l’ensemble. Au contraire, ils rappellent que Scarlett Johansson sait parler au cœur de son audience.
Quel Avenir pour Eleanor The Great ?
Avec une sortie prévue prochainement, Eleanor The Great a toutes les chances de trouver son public. Sa durée, 1h38, est idéale pour une séance cinéma qui ne s’étire pas inutilement. Les festivals internationaux devraient également accueillir le film avec enthousiasme, tant son message est universel.
Scarlett Johansson, elle, semble prête à continuer sur cette voie. Si ce premier film est une indication, elle pourrait devenir une voix importante du cinéma contemporain. Son regard, à la fois sensible et accessible, promet des projets futurs tout aussi marquants.
En Conclusion : Une Réussite Éclatante
Eleanor The Great est plus qu’un film : c’est une expérience. Scarlett Johansson signe un coup d’essai qui mêle rires, larmes et réflexions sur la mémoire et la résilience. Porté par une June Squibb époustouflante, ce long-métrage prouve que les histoires intimes peuvent toucher les cœurs du monde entier. À Cannes 2025, il a déjà marqué les esprits. Et vous, serez-vous prêt à découvrir Eleanor ?
Envie de découvrir Eleanor The Great ? Restez à l’affût de sa sortie en salles !