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Scandale : Une Maire Mexicaine Remercie Un Baron De La Drogue

Incroyable mais vrai : une maire mexicaine est dans le viseur de la justice après avoir publiquement remercié l'un des plus grands barons de la drogue pour ses « généreux cadeaux » de Noël aux enfants de sa ville. Les détails de ce scandale qui secoue le Mexique...

Au Mexique, les liens parfois troubles entre le pouvoir politique et les puissants cartels de la drogue défrayent régulièrement la chronique. Mais l’affaire qui secoue actuellement le pays est particulièrement choquante. D’après une source proche du dossier, une maire d’une petite ville de l’État du Michoacán fait l’objet d’une enquête judiciaire pour avoir publiquement remercié l’un des narcotrafiquants les plus recherchés au monde pour ses « généreux cadeaux » distribués aux enfants pour Noël.

Une affiche de remerciements qui passe mal

Tout est parti d’une simple affiche, accrochée dans un lieu public de Coalcomán, la ville dont Mayra Cardona est la maire. Sur cette pancarte artisanale, on pouvait lire : « Les enfants de Coalcomán remercient Monsieur Nemesio Oseguera et ses enfants pour leur noble geste. Merci pour vos cadeaux ». Le hic ? Ce fameux Nemesio Oseguera, surnommé « El Mencho », n’est autre que le tout-puissant leader du redoutable Cartel Jalisco Nueva Generación (CJNG), l’une des organisations criminelles les plus violentes du Mexique.

Considéré comme l’un des barons de la drogue les plus recherchés de la planète, celui pour qui les États-Unis offrent une récompense allant jusqu’à 15 millions de dollars en échange d’informations, semble donc avoir distribué des jouets aux petits habitants de Coalcomán à l’occasion des fêtes de fin d’année. Un geste « généreux » que la maire Mayra Cardona n’a pas hésité à saluer publiquement, s’attirant immédiatement les foudres de sa hiérarchie.

La maire nie toute collusion avec le crime organisé

Devant le tollé provoqué par cette affiche de remerciements, Claudia Sheinbaum, la présidente de Mexico, n’a pas tardé à réagir. Condamnant avec la plus grande fermeté cette apologie d’un groupe criminel, elle a diligenté une enquête administrative pour déterminer si la maire Mayra Cardona entretenait des liens avec le cartel de la drogue CJNG.

L’intéressée a immédiatement nié toute collusion avec le crime organisé, assurant n’avoir été au courant ni de la distribution de cadeaux, ni de la confection de la fameuse pancarte. Reste que dans une région gangrénée par les violences liées au narcotrafic, où l’autorité de l’État est souvent mise à mal par la loi des cartels, ce genre de polémique vient rappeler la puissance tentaculaire des barons de la drogue.

Les dons des cartels, entre générosité et corruption

Ce n’est en effet pas la première fois que des groupes criminels s’adonnent à des distributions « généreuses » au sein des populations, que ce soit sous forme de cadeaux ou de denrées alimentaires. Pendant la crise du Covid-19, plusieurs cas similaires avaient été rapportés à travers le Mexique, les cartels profitant de la précarité engendrée par la pandémie pour se créer un capital sympathie et asseoir leur emprise.

Une méthode qui rappelle celle de Pablo Escobar qui, au sommet de sa puissance en Colombie, distribuait largement l’argent de la cocaïne via ses œuvres caritatives pour s’attirer la bienveillance des populations les plus pauvres. Reste à savoir si la maire Mayra Cardona a, comme elle l’affirme, été totalement étrangère à ces largesses intéressées du Cartel Jalisco Nueva Generación. L’enquête devra le déterminer.

Le Mexique, éternel théâtre de la guerre contre les cartels

Plus globalement, cette affaire vient illustrer une fois de plus les immenses défis auxquels est confronté le gouvernement mexicain dans sa lutte contre les narcotrafiquants. Malgré les alternances politiques et les promesses des différents présidents, les cartels continuent de prospérer, profitant de la corruption endémique et de la pauvreté qui sévit dans de nombreuses régions.

Le président Andrés Manuel López Obrador, élu en 2018 sur un programme de rupture, avait fait de la lutte contre la criminalité organisée l’une de ses priorités. Mais force est de constater que les violences n’ont pas diminué, bien au contraire. En 2022, le Mexique a enregistré plus de 30 000 homicides, un niveau proche des records des années précédentes.

Face à cet échec patent, la tentation est grande pour l’exécutif de chercher des solutions miracle, à l’image de la récente et très controversée libération d’Ovidio Guzmán, l’un des fils du célèbre narcotrafiquant « El Chapo », qui purge une peine de prison à vie aux États-Unis. Capturé en janvier dernier lors d’une opération militaire d’envergure, le baron de la drogue a finalement été relâché quelques mois plus tard au nom de « la paix et la sécurité des citoyens », une décision qui a choqué au Mexique et au-delà.

Vers un changement de stratégie dans la lutte antidrogue ?

Pour de nombreux observateurs, il est urgent que le Mexique change radicalement de stratégie dans sa guerre contre les cartels. Plutôt que le tout-répressif et les coups d’éclat ponctuels, ils appellent à une politique sur le long terme combinant le renforcement de l’État de droit, la lutte contre la corruption à tous les niveaux et des programmes sociaux ambitieux dans les régions les plus touchées par le trafic.

Seule cette approche globale et déterminée serait en mesure de réduire durablement l’influence des narcotrafiquants dont le pouvoir repose autant sur la violence que sur leur ancrage territorial et social. En attendant ce possible changement de cap, les barons de la drogue peuvent continuer à distribuer leurs « cadeaux » empoisonnés à une population qui n’a bien souvent pas d’autre choix que de les accepter.

Une affaire symptomatique d’un mal profond

L’affaire de la maire de Coalcomán, qu’elle soit finalement blanchie ou condamnée, restera comme un symbole supplémentaire de la gangrène du narcotrafic au Mexique. Elle rappelle, s’il en était besoin, l’urgence d’une réponse politique à la hauteur de l’immense défi posé par les cartels qui, à l’image du CJNG d’« El Mencho », continuent de prospérer en toute impunité.

Il en va de la sécurité et de l’avenir de millions de Mexicains qui aspirent à vivre dans un pays libéré de la violence et de la corruption. Un combat de longue haleine qui nécessitera un engagement sans faille de l’État et de la société civile. En espérant que les « cadeaux » des narcotrafiquants ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir.

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