C’est une affaire qui risque de faire grand bruit. En janvier dernier, un commissaire de police a été mis en examen pour des violences commises lors d’une manifestation en novembre 2020 à Paris, notamment à l’encontre d’un photographe syrien. L’information, révélée par Le Monde, met une nouvelle fois en lumière la question brûlante des violences et bavures policières.
Un déchaînement de violence contre un photographe
Selon les éléments de l’enquête, le commissaire mis en cause se serait livré à un véritable déchaînement de violence à l’encontre d’un photographe syrien qui couvrait la manifestation. Coups de matraque, insultes, intimidations… La victime a subi un calvaire et s’en est sorti avec plus de 8 jours d’ITT (incapacité totale de travail).
Mais le photographe syrien n’a pas été la seule victime de ce policier ce jour-là. Le commissaire aurait aussi commis des violences, dans une moindre mesure, sur deux autres personnes pendant le rassemblement. Des témoins ont assisté à la scène, sidérés par un tel déferlement de brutalité de la part d’un haut-gradé de la police.
Des faits “d’une grande gravité” pour le parquet
Face à des faits jugés “d’une grande gravité”, le parquet a décidé de mettre en examen le commissaire de police le 25 janvier dernier. Plusieurs chefs d’accusation ont été retenus :
- Violences volontaires ayant entraîné une ITT de plus de 8 jours, par personne dépositaire de l’autorité publique, avec arme, sur le photographe syrien et une autre personne.
- Violences volontaires sans ITT par personne dépositaire de l’autorité publique sur une troisième victime.
Le mis en cause, qui conteste les faits selon son avocat, a été laissé libre sous contrôle judiciaire en attendant la suite de la procédure. Mais cette affaire risque de le rattraper, tant les images des violences qu’il aurait commises ont choqué.
Une nouvelle affaire embarrassante pour la police
Ce dossier tombe au plus mal pour l’institution policière, déjà fortement critiquée ces dernières années pour de multiples affaires de violences et de dérapages en marge de manifestations. Peut-on encore parler de “bavures” quand cela semble devenir un phénomène récurrent, y compris de la part de hauts-gradés?
Les policiers sont sur les nerfs, la fatigue et le stress n’excusent pas tout. Il va falloir sérieusement remettre les pendules à l’heure et rappeler le cadre déontologique.
Une source policière citée par Le Monde.
En interne, cette affaire passe d’ailleurs très mal. Sous couvert d’anonymat, plusieurs policiers ont fait part de leur “écœurement” et de leur “honte” face à de tels comportements venant d’un de leurs supérieurs. La hiérarchie et le ministère de l’Intérieur vont devoir rapidement réagir pour éviter une nouvelle crise de confiance.
Les questions que pose cette affaire
Au-delà de l’émotion suscitée, ce dossier soulève de nombreuses interrogations. Comment un tel déferlement de violence a-t-il pu se produire, qui plus est de la part d’un commissaire de police censé donner l’exemple ? Pourquoi s’en prendre aussi sauvagement à un photographe qui ne faisait que son travail ?
Cette affaire en dit long sur le climat de tension extrême qui règne parfois entre forces de l’ordre et manifestants. Mais elle illustre aussi les dérives d’une culture de l’impunité et du sentiment de toute-puissance qui gangrène une partie de l’institution policière. Il est grand temps d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Les mois à venir seront décisifs avec le procès de ce commissaire au comportement indigne de sa fonction. La justice devra faire preuve d’une sévérité exemplaire si les faits sont avérés. Car il en va de la crédibilité de toute l’institution policière. Et la police, plus que jamais, a besoin de regagner la confiance de la population.