C’est un cri d’alarme poignant qui résonne aujourd’hui dans le monde du septième art et bien au-delà. L’actrice Sandrine Bonnaire a décidé de briser le silence et de porter plainte contre un Ehpad public de Charente-Maritime, suite au décès tragique de sa mère en août dernier. Une disparition qui, selon elle, serait directement liée à de graves négligences de la part de l’établissement.
C’est la négligence médicale qui a entraîné son décès (…) Ma mère n’avait aucune maladie, elle avait 84 ans.
– Sandrine Bonnaire dans les colonnes du Parisien
Des accusations chocs qui font froid dans le dos. Sandrine Bonnaire dénonce pêle-mêle un manque d’hygiène, l’absence de fourniture de papier toilette et même une hydratation insuffisante des résidents. Des manquements graves qui auraient, selon elle, précipité le décès de sa mère pourtant en bonne santé pour son âge.
Une enquête ouverte, la parole se libère
Face à l’ampleur de ces révélations, le parquet de Saintes a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire début mars. Les investigations ont été confiées à la police judiciaire de La Rochelle, chargée de faire toute la lumière sur les conditions de prise en charge au sein de cet établissement public.
Une procédure judiciaire qui intervient alors que le scandale des Ehpad, et notamment du groupe privé Orpea, a éclaté il y a deux ans, forçant le gouvernement à annoncer un renforcement des contrôles. Mais visiblement, les problèmes demeurent, y compris dans le secteur public.
Sandrine Bonnaire, une voix pour nos aînés
Au-delà de son combat personnel pour la mémoire de sa mère, Sandrine Bonnaire entend bien utiliser sa notoriété pour faire bouger les lignes. Avec courage, elle appelle à une véritable prise de conscience collective :
Je prends la parole pour que la prise en charge de nos aînés change.
– Sandrine Bonnaire
Un cri du cœur qui résonne comme un électrochoc dans une société où la question de la fin de vie et de l’accompagnement de nos anciens reste trop souvent un angle mort. Combien de familles souffrent en silence, impuissantes face à la détresse de leurs proches placés en institution ?
L’Ehpad mis en cause se défend
De son côté, l’établissement incriminé tente de se défendre. Le CCAS de Saintes, qui gère cet Ehpad de 90 lits, affirme que la mère de l’actrice y a résidé pendant trois ans avant d’être hospitalisée à Saintes où elle est décédée. L’Agence Régionale de Santé assure quant à elle un suivi, tout en reconnaissant des “dysfonctionnements” constatés lors d’inspections en 2015 et 2022.
Mais ces explications peinent à convaincre au regard de la gravité des faits évoqués. Cette affaire illustre cruellement les failles béantes de notre système de prise en charge des personnes âgées dépendantes. Un enjeu de société majeur à l’heure du vieillissement de la population.
Vers une prise de conscience collective ?
Le combat de Sandrine Bonnaire est celui de tous ceux qui refusent la fatalité de la maltraitance institutionnelle. Il est urgent d’agir à tous les niveaux pour garantir à nos aînés une fin de vie digne et apaisée :
- Renforcer drastiquement les contrôles et les sanctions en cas de manquements avérés
- Revaloriser les métiers du grand âge pour attirer et fidéliser du personnel qualifié et investi
- Développer des alternatives à l’institutionnalisation, comme le maintien à domicile ou l’habitat inclusif
- Changer de regard sur la vieillesse et la dépendance dans notre société
Autant de chantiers immenses qui nécessitent une mobilisation de tous les acteurs : pouvoirs publics, professionnels du secteur, familles, citoyens… Nous avons tous un rôle à jouer pour bâtir une société bienveillante à l’égard de ses anciens. Le scandale dénoncé par Sandrine Bonnaire doit marquer un tournant.
Car derrière chaque résident maltraité, c’est notre humanité collective qui vacille. En portant ce combat sur la place publique, la comédienne nous tend un miroir : quelle société voulons-nous vraiment pour accompagner nos proches dans la dernière étape de leur vie ? La réponse nous engage tous. Il est temps d’ouvrir les yeux et d’agir, avant qu’il ne soit trop tard.
