Le monde des affaires autrichien est sous le choc. René Benko, le fondateur du groupe immobilier Signa qui a connu une ascension fulgurante avant de s’effondrer brutalement l’an dernier, a été entendu mardi par les autorités de son pays. En cause : un mandat d’arrêt émis à son encontre par la justice italienne.
Selon une source proche du dossier, l’homme d’affaires a été interrogé à Innsbruck avant d’être relâché. Son avocat assure qu’il continuera à « coopérer pleinement » avec les autorités et se dit convaincu que « toutes les allégations » contre son client « peuvent être prouvées comme étant fausses ». Mais les nuages s’amoncellent au-dessus de la tête de celui qui régnait sur un véritable empire de l’immobilier.
Signa, de la gloire à la chute
Pour comprendre l’onde de choc provoquée par cette affaire, il faut revenir sur le parcours hors normes de René Benko et de son groupe Signa. En quelques années, cet Autrichien a bâti un portefeuille immobilier colossal, multipliant les acquisitions de prestige. Mais en 2023, le château de cartes s’est effondré.
Criblé de dettes, Signa a été contraint au redressement judiciaire, entraînant la plus grande insolvabilité de toute l’histoire de l’Autriche. Une chute vertigineuse pour celui qui était devenu l’un des hommes les plus puissants du pays. Et les ennuis semblent loin d’être terminés pour l’ex-magnat de 46 ans.
Mandat d’arrêt et soupçons de corruption
Car en parallèle des déboires de son groupe, René Benko doit maintenant faire face à de graves accusations venues d’Italie. Les procureurs de la ville de Trente ont en effet émis un mandat d’arrêt à son encontre, dans le cadre d’une vaste enquête anti-corruption.
Bien que le parquet italien n’ait pas confirmé officiellement le nom de René Benko, ce mandat serait directement lié à l’annonce, le même jour, d’une opération d’envergure menée par la police transalpine spécialisée dans la criminalité financière. Perquisitions, arrestations, saisies… Une affaire tentaculaire qui a nécessité des interventions dans 7 villes italiennes mais aussi « à l’étranger ».
Un « groupe d’entreprises » dans le viseur
D’après le communiqué des forces de l’ordre, l’enquête viserait un « groupe d’entreprises » soupçonné d’avoir mis en place un vaste système pour « influencer et/ou contrôler les principales initiatives de l’administration publique », notamment dans le très lucratif secteur de l’immobilier de la région du Trentin.
Parmi les chefs d’accusation évoqués, on trouve pêle-mêle l’association de malfaiteurs, le trucage d’offres, le financement illégal de partis politiques, le trafic d’influence, la fraude ou encore la corruption. Des mots qui font froid dans le dos et qui viennent noircir un peu plus le tableau pour René Benko, soupçonné d’être lié à ces malversations.
Une affaire aux ramifications multiples
Les contours exacts du scandale restent encore flous à ce stade. Mais l’affaire semble avoir de multiples ramifications, aussi bien en Autriche qu’en Italie. Pour preuve, les procureurs de Trente indiquent avoir émis des mandats visant 9 personnes au total, dont un maire et plusieurs entrepreneurs et professionnels.
Plus de 100 perquisitions ont été menées, éclairant l’ampleur potentielle du réseau mis au jour. Entreprises, organismes publics, cabinets… Le nombre d’entités possiblement impliquées donne le tournis. L’enquête ne fait sans doute que commencer, mais elle pourrait faire vaciller bien des positions établies.
Toute la lumière doit être faite sur cette affaire afin que les responsables de ces agissements présumés puissent être traduits devant la justice.
– Un enquêteur proche du dossier
Benko, le bâtisseur aux pieds d’argile ?
Pour René Benko, ce nouveau coup dur a des airs de descente aux enfers. Celui qui avait bâti un empire en un temps record voit désormais son nom associé aux pires soupçons. Même si à ce stade, il bénéficie toujours de la présomption d’innocence.
Mais dans le monde impitoyable des affaires, la réputation est une donnée essentielle. Et celle de l’homme d’affaires autrichien semble durablement entachée. Difficile dans ces conditions d’imaginer un retour en grâce, même si l’intéressé promet de laver son honneur.
Quelles seront les prochaines révélations de l’enquête ? Quelles autres personnalités seront éclaboussées par le scandale ? Les semaines à venir apporteront sans doute leur lot de réponses. Une chose est sûre : l’Autriche et l’Italie se sont réveillées avec une sacrée gueule de bois. Et le monde des affaires risque de tanguer pendant un bon moment.