Le football féminin sud-américain est secoué par un scandale de racisme qui éclabousse un des plus grands clubs argentins. Vendredi dernier, lors d’un match de la Ladies Cup entre River Plate et l’équipe brésilienne du Grêmio, quatre joueuses de River ont été placées en détention provisoire à São Paulo pour des actes racistes envers leurs adversaires.
Des gestes et insultes racistes en plein match
Les faits se seraient produits à la 38e minute, juste après un but du Grêmio. D’après une source proche du club brésilien, Candela Díaz, une joueuse de River Plate, aurait été surprise en train de mimer des gestes de singe en direction des Brésiliennes. Ses coéquipières Camila Duarte, Juana Cangaro et Milagros Díaz sont quant à elles accusées d’avoir proféré des insultes racistes.
Face à ces comportements inacceptables, l’arbitre a décidé d’interrompre la rencontre et de donner la victoire sur tapis vert à Grêmio. Les quatre joueuses incriminées ont immédiatement été interpellées et placées en garde à vue.
River Plate exclu de la Ladies Cup pour deux ans
Au-delà des sanctions judiciaires qui menacent les joueuses fautives, c’est tout le club de River Plate qui est touché par ce scandale. Les organisateurs de la Ladies Cup ont d’ores et déjà décidé d’exclure River Plate de la compétition pour les deux prochaines éditions. Une décision ferme qui vise à marquer le coup face à ces actes inqualifiables.
« Il n’y a pas de place pour le racisme dans le football. En excluant River Plate, nous envoyons un message fort. »
Un porte-parole de la Ladies Cup
Indignation générale dans le milieu du ballon rond
Cette affaire a suscité une vague d’indignation dans le monde du football, en Argentine comme au Brésil. De nombreux clubs et personnalités ont condamné avec la plus grande fermeté le comportement des joueuses de River.
L’international argentin Lionel Messi a tenu à exprimer son écœurement sur les réseaux sociaux :
« Je suis profondément choqué et attristé. Le racisme n’a pas sa place, que ce soit dans le football ou dans notre société. Tout mon soutien à l’équipe du Grêmio. »
Lionel Messi sur Instagram
Du côté du Brésil aussi les réactions ont été vives. La Fédération brésilienne de football a apporté son « soutien total » à l’équipe du Grêmio et réclamé des « sanctions exemplaires » contre River Plate et ses joueuses.
Un coup dur pour l’image du football féminin
Au-delà du choc provoqué par cet événement, c’est toute l’image du football féminin sud-américain qui se trouve écornée. Alors que de gros efforts ont été faits ces dernières années pour développer et promouvoir la discipline, ce scandale risque de laisser des traces.
Les instances dirigeantes, des fédérations nationales à la CONMEBOL, vont devoir réagir fermement pour que de tels actes ne se reproduisent plus. Car comme l’a souligné Marta, la légende brésilienne du football féminin :
« C’est un immense pas en arrière. Nous nous battons au quotidien pour gagner en respect et en considération. Voir des joueuses tenir des propos racistes, c’est une honte pour tout le football féminin. »
Marta, joueuse emblématique de la Seleção
Une honte qui va nécessiter un grand travail de la part des acteurs du ballon rond sud-américain pour restaurer l’image et la crédibilité du football féminin sur le continent. River Plate devra de son côté rendre des comptes et prouver son intransigeance face au racisme.
Les prochaines semaines s’annoncent agitées des deux côtés de la frontière entre l’Argentine et le Brésil. Cette affaire est malheureusement symptomatique des préjugés qui persistent dans les stades, y compris chez certaines joueuses. La lutte contre le racisme dans le sport est un combat de longue haleine qui est encore loin d’être gagné.