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Scandale Dopage Russe : Le Fils Diack Échappe Encore au Jugement

Le procès en appel de Papa Massata Diack, au cœur du scandale de corruption qui a permis à des athlètes russes dopés de participer aux JO de Londres, devait enfin s’ouvrir… mais la cour d’appel de Paris vient de le repousser au 8 septembre 2026. Pourquoi cette affaire, vieille de plus de dix ans, refuse-t-elle de se conclure ?

Imaginez : nous sommes en 2011, à un an des Jeux olympiques de Londres. Des athlètes russes présentent des passeports biologiques hautement suspects. Normalement, ils devraient être suspendus immédiatement. Pourtant, certains d’entre eux fouleront bien la piste olympique. Pourquoi ? Parce qu’un système bien rodé de corruption aurait permis d’enterrer les dossiers… contre de confortables enveloppes. Au centre de cette machination : Papa Massata Diack, fils de l’ancien tout-puissant président de la fédération internationale d’athlétisme.

Un énième report qui fait grincer des dents

Ce lundi matin, la cour d’appel de Paris devait enfin examiner le nouveau procès de Papa Massata Diack. Nouveau, car la Cour de cassation avait annulé partiellement sa condamnation en novembre 2024. Résultat ? Un report sec, sans explication détaillée, au 8 septembre 2026. Ce n’est même pas la première fois : le 3 septembre dernier, l’audience avait déjà été renvoyée.

La raison officielle ? Des contraintes d’organisation de la cour. En langage courant, on appelle cela un embouteillage judiciaire. Mais dix ans après les premières révélations, cette lenteur commence à ressembler à une stratégie.

Rappel des faits : comment tout a commencé

En 2011, plusieurs athlètes russes affichent des valeurs sanguines anormales. Au lieu de lancer immédiatement des procédures disciplinaires, certains cadres de l’IAAF (devenue World Athletics) auraient choisi de faire traîner les dossiers. Objectif : laisser le temps à ces sportifs de participer aux JO 2012 et, surtout, ne pas froisser les sponsors russes avant les championnats du monde 2013 à Moscou.

En échange, des contrats de sponsoring juteux auraient été renouvelés. Un marché gagnant-gagnant… sauf pour l’éthique sportive.

Des millions d’euros auraient transité pour protéger des athlètes dopés et sauvegarder des revenus publicitaires russes.

Lamine Diack, le patriarche déchu

À l’époque, c’est Lamine Diack qui dirige l’IAAF depuis 1999. Le Sénégalais, figure respectée, verra son règne s’achever brutalement. Condamné en 2020 à quatre ans de prison dont deux ferme pour corruption et abus de confiance, il décède en décembre 2021 à Dakar sans avoir purgé sa peine, bénéficiant d’une libération conditionnelle pour raisons de santé.

Son fils, Papa Massata Diack, ancien consultant marketing de l’IAAF, est considéré comme le véritable architecte du système. Il opérait depuis Dakar, à l’abri des autorités françaises… jusqu’à ce qu’Interpol publie un mandat d’arrêt international en 2016.

Le parcours judiciaire : un véritable feuilleton

Septembre 2020 – première instance : 5 ans de prison ferme et 1 million d’euros d’amende.

Juin 2023 – appel : la peine de prison est confirmée, mais l’amende est réduite à 500 000 euros.

Novembre 2024 – coup de théâtre : la Cour de cassation annule la condamnation pour complicité de corruption passive, estimant que la motivation de la cour d’appel était insuffisante. Les autres chefs (corruption active, corruption passive et recel) restent valables.

Décembre 2025 – nouveau renvoi au 8 septembre… 2026. Soit plus de quinze ans après les faits initiaux.

Chronologie express

  • 2011 : premiers cas suspects de dopage sanguin russe
  • 2012 : participation controversée aux JO de Londres
  • 2015 : révélation du scandale par la presse et l’AMA
  • 2020 : condamnation en première instance de Papa Massata Diack
  • 2023 : confirmation en appel (avec réduction d’amende)
  • 2024 : annulation partielle par la Cour de cassation
  • 2026 : prochain épisode prévu…

Pourquoi ces reports à répétition ?

Officiellement, la cour invoque son calendrier surchargé. Mais certains observateurs y voient une forme de protection indirecte. Papa Massata Diack, toujours au Sénégal, n’a jamais mis les pieds dans un tribunal français. Le mandat d’extradition n’a jamais abouti, Dakar refusant de livrer l’un de ses ressortissants.

Chaque report repousse donc l’échéance et entretient l’espoir, côté défense, que l’affaire finisse par s’éteindre d’elle-même – prescription, décès, lassitude générale…

Les conséquences sur l’athlétisme mondial

Ce scandale a provoqué un séisme. Suspension de la fédération russe, exclusion des athlètes aux JO 2016 et 2018 (sous bannière neutre), création d’une unité d’intégrité (AIU) indépendante, réforme profonde de la gouvernance de World Athletics sous la présidence de Sebastian Coe.

Mais dix ans plus tard, la Russie est de retour dans le concert international (sous conditions), et les principaux protagonistes du dossier échappent encore à un jugement définitif.

Le message envoyé au monde du sport est ambigu : la corruption à très haut niveau peut durer… très longtemps.

Et maintenant ?

En septembre 2026, Papa Massata Diack aura 61 ans. La cour d’appel devra examiner uniquement le chef de complicité de corruption passive. Les autres condamnations sont définitives. Mais tant qu’il restera au Sénégal, l’exécution de la peine restera théorique.

Ce énième report illustre parfaitement la difficulté de la justice française à juger des affaires transnationales impliquant des personnalités protégées par leur État d’origine.

Une chose est sûre : l’histoire du dopage russe et de la corruption à l’IAAF n’est pas prête de s’achever. Elle continue d’écrire, au rythme des audiences reportées, un chapitre particulièrement sombre de l’histoire récente du sport mondial.

Et vous, pensez-vous que Papa Massata Diack comparaîtra un jour physiquement devant ses juges ? Ou ce dossier finira-t-il aux oubliettes comme tant d’autres scandales sportifs ?

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