C’est un scandale qui ébranle le système de protection de l’enfance. Des dizaines d’enfants placés auraient subi des maltraitances graves au sein d’un réseau illégal de familles d’accueil, entre 2009 et 2017, dans l’Indre, la Creuse et la Haute-Vienne. Un procès s’est ouvert lundi à Châteauroux pour juger les 18 personnes mises en cause. L’occasion de lever le voile sur les failles béantes du système censé protéger les plus vulnérables.
Des enfants livrés à leurs bourreaux
Coups de cravache, simulacres de noyade, administration illégale de calmants… Les méthodes des accusés donnent froid dans le dos. Selon l’enquête, des dizaines de mineurs ont ainsi été confiés, contre de grosses sommes d’argent, à la structure “Enfance et Bien-Être”, sans que celle-ci n’ait l’agrément obligatoire.
Pour Lyes Louffok, fondateur du comité de vigilance des enfants placés, ce drame met en lumière les défaillances criantes du système :
Lorsque l’enfant placé subit des maltraitances, tout le monde s’en fout, sa vie vaut moins.
– Lyes Louffok
Omerta et manque de moyens
Pour ce militant, ancien enfant placé lui-même, les raisons de ces dérives sont multiples. Il pointe du doigt :
- L’omerta qui règne dans ce milieu
- Le manque criant de moyens humains et financiers
- Les négligences à répétition des services chargés du suivi
Autant de facteurs qui font de la protection de l’enfance un angle mort des politiques publiques. “C’est un sujet dont on ne parle que lorsqu’il y a un scandale”, déplore Lyes Louffok.
Enfants placés, citoyens de seconde zone ?
Le plus révoltant aux yeux du militant, c’est le désintérêt total de la société pour ces enfants livrés à eux-mêmes :
Si le même type de réseau avait concerné des enfants lambda, ça aurait été un tollé général. Mais comme ce sont des gamins de l’ASE, ça ne choque personne.
– Lyes Louffok
Le procès en cours à Châteauroux, s’il permet de faire la lumière sur ce dossier sordide, ne suffira pas à lui seul à réformer un système à bout de souffle. Pour cela, il faudra une véritable prise de conscience de la société sur le sort de ces milliers d’enfants “sacrifiés”.
Le scandale des enfants placés maltraités montre tristement que dans notre société, certaines vies semblent compter moins que d’autres. Comme le martèle Lyes Louffok, “un enfant placé reste un enfant avant tout, avec les mêmes droits et la même dignité”. Il est plus que temps de le rappeler.
