Un vent de stupeur a soufflé sur le monde du football aujourd’hui, alors que le tribunal judiciaire de Paris a requis des peines de 2 à 8 mois de prison avec sursis contre onze supporters de l’Olympique de Marseille. Leur crime ? Avoir harcelé et proféré des menaces de mort en ligne contre l’ancien président du club phocéen, Jacques-Henri Eyraud. Une affaire qui soulève des questions préoccupantes sur la dérive violente d’une frange d’ultras.
Des tweets haineux et des caricatures menaçantes
Les onze prévenus, âgés de 25 à 52 ans, ont déversé un torrent de haine sur Twitter début 2021 à l’encontre de Jacques-Henri Eyraud, 56 ans. Des messages glaçants comme “On aura ta peau”, “Qu’on le pende ce fils de chien” ou encore “Ça va mal finir pour toi” ont été postés. Pire encore, certains ont relayé des caricatures montrant l’ancien président décapité ou sous une guillotine. Une violence verbale et graphique inouïe qui n’a pas sa place dans le sport.
Nous avons affaire à des loups assoiffés de sang.
– Olivier Baratelli, avocat de Jacques-Henri Eyraud
La justice ne badine pas avec le cyberharcèlement
Face à ces débordements inacceptables, la procureure a martelé que “le lynchage gratuit doit être sanctionné” et que “les valeurs de la République” doivent s’appliquer aussi dans les stades. Elle a demandé des peines de prison avec sursis, rappelant que le cyberharcèlement “conduit au pire” et constitue “un fléau colossal”.
De son côté, l’avocat de Jacques-Henri Eyraud, Olivier Baratelli, a dénoncé des “loups assoiffés de sang” capables de “passer à l’acte”. Il a plaidé pour des “peines exemplaires” afin d’endiguer la haine en ligne qui gangrène le football.
Des supporters entre colère et déraison
Les rares prévenus présents à l’audience ont tenté, sans grande conviction, de justifier leurs actes par un “coup de colère”. Mais comme l’a souligné la procureure, “même si l’OM avait été reléguée en L2, rien ne justifie” un tel déferlement de haine. Une centaine de personnes avaient initialement posté des messages haineux, mais seules onze d’entre elles, qui se cachaient derrière des pseudonymes, ont pu être identifiées.
Cette affaire met en lumière les dérives alarmantes d’une certaine frange de supporters, prêts à franchir toutes les limites sur les réseaux sociaux. Elle rappelle que le football, malgré la passion qu’il suscite, ne doit jamais être un exutoire pour la violence, qu’elle soit verbale ou physique. Les stades et le web ne sont pas des zones de non-droit où la haine peut s’exprimer impunément.
Une décision de justice attendue
Le tribunal judiciaire de Paris rendra sa décision prochainement dans ce dossier. Au-delà du sort individuel des onze prévenus, c’est un message fort que la justice est appelée à envoyer. Un message de fermeté face à la cybercriminalité et au harcèlement qui empoisonnent le sport et la société. Car comme l’a rappelé l’avocat de Jacques-Henri Eyraud, ces comportements toxiques peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Espérons que ce procès serve d’électrochoc et de prise de conscience. Le football, et le sport en général, doit rester un moment de partage, d’émotions et de respect. Il est temps que les supporters ultras comprennent que leur passion ne justifie pas tous les excès. La haine, même virtuelle, peut briser des vies. Il est temps de sortir le carton rouge et de l’exclure du jeu, définitivement.