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Scandale de corruption chez Thales : perquisitions chocs en Europe

Séisme dans l'industrie de la défense : le groupe Thales visé par des enquêtes pour corruption. Des perquisitions chocs ont eu lieu cette semaine dans plusieurs pays européens, révélant l'ampleur de ce nouveau scandale qui ébranle le secteur. Que s'est-il passé exactement ? Explications.

Le géant français de l’industrie de la défense Thales se retrouve au cœur d’un scandale retentissant. Cette semaine, le groupe a fait l’objet de perquisitions simultanées dans plusieurs de ses sites européens, dans le cadre de deux enquêtes préliminaires portant sur des soupçons de corruption liés à des ventes d’armes à l’étranger. Une affaire qui vient ébranler ce fleuron tricolore, déjà éclaboussé par le passé.

Deux enquêtes, des soupçons multiples

D’après une source judiciaire, les perquisitions menées de mercredi à vendredi aux sièges de différentes sociétés de Thales en France, aux Pays-Bas et en Espagne, interviennent dans le cadre de deux enquêtes préliminaires visant des faits présumés de corruption d’agent public étranger, mais aussi de corruption privée, de trafic d’influence, d’association de malfaiteurs et de blanchiment.

La première enquête, ouverte fin 2016, porte sur la vente de sous-marins et la construction d’une base navale au Brésil. Un contrat pharaonique de plus de 5 milliards d’euros avait été signé en 2008 avec la France pour la fourniture de sous-marins intégrant des composants fabriqués par Thales.

Une deuxième enquête révélée

En parallèle, la justice française mène aussi des investigations sur d’autres marchés remportés par le groupe, cette fois dans le cadre d’opérations de vente de matériel militaire et civil à l’étranger. Cette deuxième enquête, ouverte en juin 2023 mais jusqu’ici tenue secrète, fait suite à des signalements d’irrégularités. Là encore, les soupçons portent sur des faits de corruption, trafic d’influence, ententes illicites, blanchiment et recel.

Des moyens exceptionnels déployés

Ces perquisitions chocs, effectuées dans trois pays simultanément, ont nécessité des moyens considérables. Selon une source proche du dossier, ce sont au total 65 enquêteurs de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales) et 12 magistrats du PNF (Parquet national financier) qui ont été mobilisés, avec la coopération des autorités judiciaires néerlandaises et espagnoles.

Thales confirme que des perquisitions ont eu lieu. Le groupe coopère avec les autorités compétentes.

– Communiqué de Thales

Dans un bref communiqué, le groupe Thales a confirmé ces perquisitions en assurant coopérer avec les autorités. Il a rappelé avoir mis en place un programme de conformité strict, répondant aux plus hautes exigences de l’industrie. Un gage de bonne foi alors que la justice tentera d’y voir plus clair dans cette nouvelle affaire de corruption présumée à grande échelle.

Une entreprise déjà dans le viseur

Ce n’est pas la première fois que Thales, un des leaders mondiaux de la défense, se retrouve dans la tourmente judiciaire. Le groupe avait déjà été mis en cause par le passé dans des affaires de corruption, notamment liée à des contrats en Malaisie, en Afrique du Sud ou encore à Taïwan. Des dossiers gênants qui avaient déjà terni l’image de l’entreprise.

Un juge d’instruction doit d’ailleurs prochainement décider s’il renvoie Thales et certains de ses cadres devant un tribunal dans une affaire de soupçons de corruption autour d’une vente de sous-marins à la Malaisie en 2002. Le PNF a requis un tel procès.

Malédiction des grands contrats d’armement ?

Cette nouvelle affaire vient rappeler les risques inhérents aux grands contrats d’armement à l’international, où l’opacité règne parfois en maître. Malgré les dénégations des industriels, les soupçons de malversations restent légion dans ce secteur ultra-sensible.

Reste à savoir si la justice parviendra cette fois à faire la lumière sur ces nouvelles accusations de corruption visant Thales. L’entreprise, pilier de la souveraineté française avec ses équipements militaires de pointe, joue gros. Sa réputation et la confiance de ses clients et partenaires sont plus que jamais en jeu.

Affaire à suivre donc, alors que les enquêtes préliminaires se poursuivent. Nul doute que ce dossier explosif continuera de faire parler dans les prochains mois. De quoi fragiliser encore un peu plus un secteur de la défense déjà régulièrement éclaboussé par les scandales.

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