C’est un établissement réputé qui se retrouve aujourd’hui dans la tourmente. L’Ehpad Alquier-Debrousse, situé dans le 20e arrondissement de Paris, est visé par deux enquêtes judiciaires après le décès suspect d’une résidente de 73 ans en janvier dernier. Cet événement tragique a levé le voile sur de possibles dysfonctionnements au sein de cette structure, la plus grande de la capitale, qui accueille environ 300 personnes âgées chaque année.
Une mort suspecte qui soulève des questions
Le drame s’est produit le 13 janvier 2023. Ce jour-là, Paulette*, 73 ans, est retrouvée inanimée dans sa chambre par le personnel soignant. Malgré l’intervention des secours, la septuagénaire ne pourra pas être réanimée. Si le décès est dans un premier temps attribué à des causes naturelles, l’autopsie va révéler des éléments troublants.
D’après les informations du Parisien, la résidente présentait en effet “un hématome à l’œil droit et une plaie saignante à l’oreille gauche” laissant suspecter des violences. Des blessures confirmées par le rapport d’autopsie qui fait état de “multiples ecchymoses sur le corps” de la victime ainsi que “d’une hémorragie cérébrale traumatique ayant entraîné la mort”. Des constatations qui vont pousser la famille à porter plainte contre X pour “homicide involontaire” et “non assistance à personne en danger”.
Face à ces éléments accablants, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir deux enquêtes : l’une pour “homicide involontaire”, l’autre pour “violences sur personne vulnérable”. Des investigations qui devront déterminer les circonstances exactes du décès de la résidente et d’éventuelles responsabilités au sein de l’Ehpad.
Un établissement dans le viseur
Si pour l’heure aucune mise en examen n’a été prononcée, cette affaire jette une lumière crue sur les conditions d’accueil et de prise en charge au sein de l’établissement Alquier-Debrousse. D’autant que selon nos informations, il ne s’agirait pas d’un cas isolé. Plusieurs familles auraient ainsi fait remonter ces derniers mois des plaintes auprès de la direction pour dénoncer des dysfonctionnements, sans que cela n’entraîne d’amélioration notable.
Des témoignages rapportent notamment un manque de personnel soignant, pouvant entraîner des négligences dans les soins apportés aux résidents les plus dépendants. Des problèmes d’hygiène sont aussi pointés du doigt, avec des chambres pas toujours nettoyées correctement. Des carences d’autant plus choquantes que cet Ehpad est un établissement public, placé sous la tutelle de la Ville de Paris et du Centre d’action sociale.
Des mesures attendues
Contactée, la direction de l’Ehpad assure “collaborer pleinement avec la justice” et avoir pris des mesures pour renforcer la sécurité des résidents. Elle indique notamment avoir augmenté les effectifs de soignants et renforcé les procédures de signalement en cas de maltraitance suspectée.
De son côté, la mairie de Paris a diligenté une enquête administrative et promet “toute la transparence” sur cette affaire. “Si des dysfonctionnements sont avérés, nous prendrons toutes les sanctions qui s’imposent”, a assuré l’adjoint en charge des solidarités. Un audit externe doit aussi être mené dans les prochaines semaines pour évaluer le fonctionnement global de l’établissement.
Il faudra sans doute attendre plusieurs mois avant de connaître les conclusions des différentes enquêtes. D’ici là, les regards resteront braqués sur cet établissement censé offrir une prise en charge de qualité à nos aînés les plus fragiles. Car derrière les murs d’un Ehpad, c’est bien la dignité et la sécurité de toute une génération qui est en jeu.
*Le prénom a été modifié.