Le monde du sport est une nouvelle fois secoué par un scandale de violences sexuelles. Mercredi 3 juillet 2024, un ancien entraîneur de basket alsacien âgé de 34 ans a été condamné à 14 ans de prison par la cour criminelle du Bas-Rhin pour viols et agressions sexuelles sur des joueuses mineures qu’il encadrait. Une peine exemplaire qui vient clore un procès sordide et témoigne de la tolérance zéro face à ce type d’actes.
Un prédateur caché derrière l’image du coach modèle
Jérémy Huck, l’entraîneur incriminé, était apprécié dans le milieu du basket et présenté comme un coach modèle, proche de ses joueuses. Mais derrière cette image, se cachait en réalité un prédateur sexuel qui a profité de sa position pour abuser de jeunes adolescentes vulnérables, âgées de 13 et 14 ans au début des faits.
Vous avez trahi la confiance que vous ont faite les parents et aussi la confiance de ces jeunes filles qui pensaient que vous pouviez être un modèle pour elles.
– L’avocat général Eric Lallement
Pensant que ses victimes étaient consentantes malgré leur jeune âge, Jérémy Huck s’est défendu en affirmant être tombé amoureux d’elles, se disant complexé par un handicap. Mais les quatre jeunes filles, aujourd’hui majeures, ont décrit un homme qui s’était progressivement rapproché d’elles, devenant leur confident, profitant de leur fragilité et de leur vulnérabilité.
Des victimes traumatisées à vie
Les violences sexuelles subies ont laissé des traces indélébiles chez les victimes. Leur avocat a souligné les «importantes souffrances» qui persistent, comme l’image d’un corps qui les dégoûte et qu’elles doivent réapprendre à aimer, ou encore une perte de confiance en elles et des blocages dans l’intimité. Des traumatismes dont elles mettront des années à se remettre.
Une perversité et une emprise unanimement reconnues
Lors du procès, quatre experts psychiatres et psychologues ont unanimement décrit la «perversité» de Jérémy Huck, estimant que c’était aux jeunes filles de poser des limites et les considérant comme interchangeables. Cette emprise qu’il exerçait sur ses victimes a été pointée du doigt par l’accusation.
Il estime que c’était aux jeunes filles de poser des limites.
– Dr Philippe Goetz, psychiatre
Un jugement exemplaire mais des questions en suspens
Si la condamnation de Jérémy Huck à 14 ans de réclusion criminelle constitue un signal fort de la justice, des questions demeurent. Comment cet homme a-t-il pu continuer à exercer comme animateur auprès de personnes vulnérables dans un Ehpad et un hôpital après de tels actes ? Quelles mesures seront mises en place pour mieux détecter et prévenir ces violences sexuelles dans le sport ?
Le monde du sport face à ses démons
Malheureusement, le cas de Jérémy Huck est loin d’être isolé. Ces dernières années, de nombreux scandales ont éclaté dans différentes disciplines sportives, révélant l’ampleur des violences sexuelles dans ce milieu. Du tennis au patinage artistique en passant par l’équitation et la natation, aucun sport ne semble épargné.
Cette affaire démontre une fois de plus l’impérieuse nécessité pour les instances sportives de renforcer la prévention, de former les encadrants et de faciliter la libération de la parole des victimes. Car derrière les médailles et les performances se cachent trop souvent des drames humains intolérables.
L’onde de choc provoquée par cette condamnation doit être l’occasion d’une prise de conscience collective et d’actions concrètes. Il en va de la responsabilité du monde sportif de protéger ses pratiquants, notamment les plus jeunes et les plus vulnérables. Pour que le sport reste synonyme d’épanouissement et non de traumatisme.