Stupeur et consternation dans le monde du ballon rond : un joueur de l’AS Monaco risque gros après avoir délibérément masqué un logo contre l’homophobie figurant sur son maillot lors d’un match de Ligue 1 ce week-end. Une attitude choquante qui n’a pas manqué de faire réagir, des pelouses aux plus hautes sphères.
Camara convoqué par la commission de discipline
Mohamed Camara, le milieu de terrain malien de Monaco, va devoir s’expliquer devant la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) le 30 mai prochain. En cause : son geste polémique consistant à masquer avec des “straps” le logo contre l’homophobie floqué sur les maillots de tous les acteurs (joueurs, entraîneurs, arbitres) lors de la 34e et ultime journée du championnat.
Une initiative de la LFP destinée à lutter contre les discriminations, à laquelle Camara a refusé de se plier, n’hésitant pas non plus à snober la photo protocolaire d’avant-match où les deux équipes posaient derrière une banderole aux couleurs de la cause LGBT+. Un affront qui pourrait lui coûter cher.
La direction de l’ASM présente ses excuses
Face au tollé, le club de la Principauté a réagi en présentant ses excuses à la Ligue, évoquant de possibles sanctions internes à l’encontre de Camara. Tout en tentant de calmer le jeu :
Mo a fait cela pour des raisons religieuses. C’est un sujet très sensible à tous les niveaux, car nous devons aussi respecter toutes les religions. Mais en tant qu’organisation, nous sommes très tristes de cet épisode.
Thiago Scuro, directeur général de l’AS Monaco
La ministre des Sports réclame des sanctions “fermes”
Pas de quoi apaiser la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, qui a fustigé un “comportement inadmissible” et exigé “les sanctions les plus fermes” à l’encontre du joueur mais aussi de son club, complice selon elle d’avoir “laissé faire”.
Au Mali, le geste de Camara trouve en revanche un certain soutien, des personnalités maliennes plaidant le respect de ses convictions personnelles et religieuses. La fédération malienne de foot a même publié un communiqué en ce sens, au nom de la “liberté d’expression” du joueur.
L’homophobie, ce fléau qui gangrène les stades
Cet épisode remet en lumière le sujet brûlant de l’homophobie dans le football, régulièrement pointée du doigt malgré les campagnes de sensibilisation.
- En 2019, une enquête montrait que 63% des amateurs de foot avaient déjà entendu des propos homophobes dans un stade.
- Plusieurs joueurs pros ont fait leur coming-out ces dernières années, dénonçant un milieu hostile aux personnes LGBT+.
- En 2020, le PSG-Basaksehir avait été interrompu après des accusations de propos discriminatoires de la part du 4e arbitre.
Alors que le foot se veut rassembleur et porteur de valeurs, le chemin semble encore long pour en faire un sport réellement inclusif, à l’abri des préjugés et de la haine. Le cas Camara illustre toute la complexité de cette lutte de tous les instants. Affaire à suivre donc, en attendant le verdict de la LFP fin mai…