C’est un séisme qui secoue le cinéma français. Le réalisateur Christophe Ruggia, accusé par l’actrice Adèle Haenel d’agressions sexuelles alors qu’elle était âgée de seulement 12 ans, sera bientôt jugé devant le tribunal correctionnel de Paris. Une affaire qui lève le voile sur les dérives d’un certain cinéma d’auteur et interroge sur la banalisation de l’hypersexualisation des actrices mineures.
Une enquête qui révèle la face sombre du cinéma
Selon les informations exclusives obtenues par une source proche du dossier, l’instruction menée pendant 4 ans a mis en lumière les agissements troubles de Christophe Ruggia. Fasciné par la jeune Adèle Haenel lors du casting du film « Les Diables » en 2001, le réalisateur aurait rapidement instauré une relation d’emprise avec l’adolescente.
Lors des répétitions, décrites comme « absolument abusives » par un témoin, Ruggia aurait forcé les jeunes acteurs, Adèle Haenel et Vincent Rottiers, à mimer des scènes de sexe extrêmement crues et inappropriées pour leur âge. Une étape de « préparation » qu’il jugeait essentielle pour donner de la crédibilité aux personnages.
L’emprise d’un réalisateur sur une adolescente vulnérable
Mais l’emprise de Christophe Ruggia sur Adèle Haenel ne s’arrête pas aux répétitions. Selon les déclarations glaçantes de l’actrice aux enquêteurs, le cinéaste multipliait les gestes déplacés, comme lui « caresser les cuisses » en voiture et l’invitait régulièrement seule chez lui. Un jour de 2001, il l’aurait embrassée dans le cou puis sur la bouche.
Au fil de l’enquête, d’anciens proches de Ruggia livrent des témoignages accablants. L’un d’eux affirme ainsi qu’Adèle Haenel et « ses 12 ans étaient d’une sensualité débordante » aux yeux du réalisateur. Un autre raconte son malaise face à cette relation manifestement déviante :
« J’ai ressenti un profond sentiment de gêne (…) J’ai eu l’impression qu’il y avait quelque chose de malsain dans sa façon de se comporter avec Adèle. »
La banalisation de l’hypersexualisation des actrices mineures en question
Au-delà du cas Ruggia, cette affaire interroge sur la banalisation de l’hypersexualisation des actrices mineures dans une certaine frange du cinéma. Les scènes de sexe et de nudité impliquant de très jeunes actrices semblent en effet avoir été tolérées, voire encouragées, au nom d’une vision transgressive de l’art.
Pourtant, comme le souligne un expert entendu dans l’enquête, « le jeune âge de l’enfant ne peut en aucun cas être une justification à une quelconque érotisation de son corps ». Un rappel qui sonne comme une évidence mais qui peine manifestement à s’imposer dans les coulisses de certaines productions.
Un procès attendu pour faire la lumière sur les dérives du milieu
Avec le renvoi de Christophe Ruggia devant la justice, c’est un procès retentissant qui s’annonce. L’occasion, peut-être, de briser enfin l’omerta qui entoure les abus dans le milieu du cinéma. Car le cas du réalisateur des « Diables » est loin d’être isolé, comme en témoignent les nombreuses affaires qui ont éclaté ces dernières années.
Pour les victimes, à commencer par Adèle Haenel qui s’est battue pour que son histoire soit entendue, ce procès est aussi l’espoir d’obtenir enfin justice et réparation. Un combat courageux et nécessaire pour que le cinéma cesse d’être un terrain de chasse pour prédateurs sexuels, et que le talent des actrices ne soit plus jamais sacrifié sur l’autel des pulsions de réalisateurs tout-puissants.