C’est un événement qui fait tache sur le judogi immaculé de l’olympisme. Aux Jeux Olympiques de Paris 2024, un judoka israélien, Tohar Butbul, s’est qualifié pour le tour suivant sans avoir à transpirer. La raison ? Son adversaire algérien, Redouane Messaoud Dris, a refusé de l’affronter et a préféré déclarer forfait. Un acte lourd de sens qui met en lumière les tensions géopolitiques qui gangrènent parfois le monde du sport.
Quand la diplomatie s’invite sur les tatamis
Derrière ce forfait se cache en réalité un boycott politique. L’Algérie, qui n’entretient aucune relation diplomatique avec Israël, interdit à ses ressortissants toute interaction avec des citoyens israéliens. Une position radicale qui s’est déjà manifestée par le passé dans les compétitions sportives.
La délégation israélienne continuera à concourir en gardant à l’esprit les valeurs olympiques. Nous pensons que ce genre de comportement n’a pas sa place dans le monde du sport.
– Le Comité Olympique d’Israël
Un précédent en 2021 à Tokyo
Ce n’est malheureusement pas la première fois qu’un tel incident se produit. Lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, le judoka algérien Fethi Nourine avait déjà déclaré forfait pour éviter d’affronter ce même Tohar Butbul. Un acte qui lui avait valu une suspension de la Fédération Internationale de Judo.
Un stratagème pour éviter les sanctions ?
Cette fois-ci, Redouane Messaoud Dris a officiellement été disqualifié pour ne pas avoir respecté le poids réglementaire de sa catégorie. Mais beaucoup y voient un subterfuge pour éviter les sanctions tout en envoyant un message politique fort.
Faire le poids n’est pas toujours simple et demande d’effectuer une «sèche» très exigeante pour certains à quelques heures de cette fameuse pesée.
– Le monde du judo
Le CIO impuissant face aux tensions géopolitiques
Si le Comité International Olympique prône la neutralité politique et la fraternité entre les peuples, force est de constater qu’il peine à faire respecter ces valeurs quand les conflits diplomatiques s’invitent dans les stades. Un constat amer qui ternit l’image d’universalité et de rassemblement de l’olympisme.
Des athlètes pris en otage
Au final, ce sont les sportifs qui se retrouvent pris en étau entre leur passion et leur devoir de représenter leur nation. Un dilemme cornélien qui les place souvent dans des situations intenables, sacrifiant des années d’entraînement et d’efforts sur l’autel de la realpolitik.
Je rêve d’un monde où le sport serait un vecteur de paix et de rapprochement entre les peuples, pas un terrain d’affrontement par procuration.
– Un amoureux du sport
L’espoir d’un sursaut éthique
Face à ces dérives, beaucoup appellent à un sursaut éthique du mouvement olympique. Car si les Jeux continuent à être le théâtre de telles controverses, c’est leur essence même qui est menacée. Plus que jamais, il est urgent de réaffirmer haut et fort les valeurs de fair-play, de respect et de fraternité qui fondent l’esprit olympique.
Car au-delà des médailles et des exploits, les Jeux Olympiques doivent rester une célébration de l’humanité dans ce qu’elle a de meilleur. Un idéal qui mérite qu’on se batte pour lui, sur les tatamis comme en dehors.