Un scandale ébranle actuellement le Gabon où huit militaires sont accusés d’avoir torturé à mort un jeune soldat soupçonné de vol. Cet acte odieux, qui a suscité une vive émotion dans l’opinion publique, s’est produit dans un contexte politique tendu, quelques mois après le coup d’État ayant renversé le président Ali Bongo.
Huit suspects écroués, deux généraux bientôt auditionnés
Selon des sources proches de l’enquête, la victime, un soldat de seconde classe, aurait été « violemment prise à partie » par plusieurs officiers et sous-officiers l’accusant d’un vol qui se serait produit au domicile de l’un de ses supérieurs. Après la diffusion sur les réseaux sociaux d’images choquantes montrant le corps mutilé du jeune homme, les autorités ont réagi fermement.
Huit militaires présumés impliqués dans ce crime ont été placés en détention préventive. Deux généraux devraient également être prochainement entendus dans le cadre de cette affaire. Le chef de l’État par intérim, le général Brice Oligui Nguema, a lui-même présidé un conseil de sécurité exceptionnel pour ordonner des mesures rapides.
Le chef de l’État promet des sanctions exemplaires
L’indignation du président de transition est palpable. Il a demandé au ministre de la Défense de « veiller personnellement à l’aboutissement de cette enquête afin que les sanctions appropriées soient infligées aux coupables ». Un message fort pour éviter que de tels actes ne se reproduisent au sein de l’armée gabonaise.
Le général Oligui a affirmé « sa profonde indignation contre toute forme de torture employée pour la manifestation de la vérité ».
Communiqué du ministère de la Défense
Un scandale en pleine transition politique
Ce drame intervient alors que le Gabon traverse une phase délicate depuis le renversement en août 2023 du régime d’Ali Bongo, qui dirigeait le pays depuis 2009. Le nouveau pouvoir militaire a promis une transition démocratique devant aboutir à des élections d’ici août 2025. Une nouvelle Constitution a été adoptée et une commission travaille sur la réforme du code électoral.
Mais cette affaire ternit l’image des forces armées, censées conduire une transition apaisée. D’autant que la famille de l’ex-président Bongo, placé en résidence surveillée, affirme aussi subir des mauvais traitements. Autant d’éléments qui risquent de nourrir la défiance d’une partie de la population envers les militaires au pouvoir.
Une opinion publique mobilisée sur les réseaux sociaux
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est son retentissement public. La diffusion sur les réseaux sociaux des images du corps supplicié de la victime a provoqué un électrochoc dans l’opinion. La population gabonaise, lasse des violences et de l’arbitraire, aspire à un changement en profondeur des pratiques.
Conscientes de cet enjeu, les autorités ont dû réagir rapidement pour calmer les esprits. Mais au-delà de la sanction des coupables, c’est un changement de culture qui est attendu au sein de l’appareil sécuritaire. Le respect des droits humains et de l’État de droit sera un défi majeur de la transition.
La justice civile saisie, un signe positif
Un élément important à souligner est la décision de traduire les suspects devant les juridictions civiles, et pas seulement militaires. C’est un gage de transparence et d’indépendance de l’enquête, alors que la justice militaire est souvent soupçonnée de protéger les siens.
Le procureur de la République a saisi l’occasion pour rappeler à l’ordre les forces de sécurité sur d’autres agissements problématiques, comme la tonte humiliante de jeunes ayant violé le couvre-feu. Un signal que les dérives ne seront plus tolérées et que tous, y compris les puissants, devront répondre de leurs actes devant la loi.
Un test pour la crédibilité des nouvelles autorités
En définitive, la gestion de ce scandale constituera un test majeur pour le régime de transition. Sa capacité à rendre justice de manière impartiale et à réformer en profondeur les appareils sécuritaires sera observée de près, dans le pays comme à l’international.
Au-delà de l’émotion et de la colère suscitées par ce crime odieux, espérons qu’il serve de déclic pour bâtir un Gabon plus juste et apaisé. Un pays où plus jamais de telles atrocités ne seraient commises par ceux-là mêmes chargés de protéger les citoyens.