Le tournoi de Roland-Garros 2024 fait face à une polémique sans précédent. Au cœur du scandale : l’attitude du public parisien, vivement critiquée par plusieurs joueurs étrangers dont le Belge David Goffin. Face à la gronde, la directrice du tournoi Amélie Mauresmo a dû prendre des mesures radicales pour tenter d’endiguer les débordements. Mais est-ce suffisant pour préserver l’esprit du tennis, menacé par des supporteurs de plus en plus proches des hooligans du football ?
David Goffin ouvre les hostilités
Tout commence mardi soir, lorsque David Goffin affronte le jeune Français Giovanni Mpetshi Perricard sur le court n°14. Le Belge s’impose au terme d’un match à suspense, mais sort du court passablement énervé. La raison ? L’attitude du public, entièrement acquis à la cause de son adversaire et qui n’a pas hésité à copieusement le siffler et le chambrer pendant la partie.
Le public a été irrespectueux aujourd’hui. J’ai été surpris. Je ne méritais pas ça. Que les gens supportent Giovanni, pas de problème. Mais m’insulter ou me huer entre les premiers et deuxièmes services, je trouve ça irrespectueux.
David Goffin, après son match face à Giovanni Mpetshi Perricard
Des propos forts, qui font écho à ceux tenus la veille par la n°1 mondiale Iga Swiatek. Après sa victoire face à Lesia Tsurenko, la Polonaise avait elle aussi taclé les spectateurs parisiens, les exhortant à se montrer plus respectueux des joueurs.
Des mesures chocs
Devant l’ampleur de la polémique, Amélie Mauresmo a décidé de sévir. Jeudi matin, la directrice du tournoi a annoncé une série de mesures visant à calmer les ardeurs du public :
- Interdiction de vente d’alcool dans l’enceinte du stade à partir des quarts de finale
- Renforcement de la sécurité et du nombre de stadiers pour les matchs à fort enjeu
- Expulsion immédiate de tout spectateur au comportement irrespectueux
- Diffusion de messages de sensibilisation au fair-play sur les écrans géants
Des dispositions saluées par David Goffin, surpris d’avoir été entendu aussi rapidement. “Je ne voulais pas en faire toute une histoire, mais je suis content que ça bouge”, a réagi le Belge, soutenu par de nombreux joueurs et entraîneurs.
La dérive du tennis
Car au-delà du cas de Roland-Garros, c’est bien un malaise plus profond qui traverse le monde de la petite balle jaune. De plus en plus de joueurs dénoncent des publics survoltés, prompts à l’invective et à la provocation. Une attitude agressive, empruntée au football, qui tranche avec les codes traditionnels du tennis.
Le tennis n’est pas le football. Bien sûr qu’il faut de la passion, mais il y a des limites à ne pas franchir. On ne peut pas accepter que des joueurs se fassent insulter sur un court.
Rafael Nadal
Pour beaucoup, le mal est profond et les remèdes ne suffiront pas. Il faudra du temps pour changer les mentalités et faire revenir le public à de meilleures dispositions. D’ici là, joueurs et organisateurs devront redoubler de vigilance pour éviter que le tennis ne sombre définitivement dans la dérive des stades.
Une chose est sûre : le public sera plus que jamais sous le feu des projecteurs lors des prochaines échéances. À commencer par Wimbledon, où la question de la tenue des spectateurs risque aussi de faire débat. Les amoureux de la balle jaune attendent un sursaut, pour que le tennis retrouve ses lettres de noblesse. En attendant, le doute plane sur Roland-Garros et son ambiance électrique.