C’est un véritable séisme qui secoue actuellement l’Association Générale de Prévoyance Militaire (AGPM), la mutuelle des militaires basée à Toulon. Son directeur général et sa directrice générale déléguée viennent d’être mis en examen dans le cadre d’une enquête pour harcèlement moral et sexuel à l’encontre de plusieurs collaborateurs. Des faits graves qu’ils contestent, mais qui les placent désormais sous contrôle judiciaire.
Une mutuelle sous le choc
Fondée en 1964, l’AGPM est un acteur incontournable dans le monde militaire. Avec près de 800 000 adhérents, elle propose une large gamme de produits d’assurance et de prévoyance spécialement adaptés aux spécificités des professionnels des armées et de leur famille. Une institution respectée, qui se retrouve aujourd’hui éclaboussée par un retentissant scandale.
Tout a débuté le 25 novembre 2022, lorsqu’une enquête préliminaire a été ouverte suite à la parution de plusieurs articles de presse mettant en cause les méthodes managériales de la direction. Des témoignages concordants faisaient état de pressions, d’humiliations et de comportements déplacés de la part du directeur général et de sa principale collaboratrice envers certains salariés.
Des accusations graves
Au fil des auditions, ce sont en tout 12 personnes qui se sont portées parties civiles, dénonçant un climat de terreur instauré par la direction. Harcèlement moral pour les uns, harcèlement sexuel pour d’autres, les langues se sont progressivement déliées pour décrire un quotidien professionnel fait de brimades, de remarques déplacées et de pressions psychologiques permanentes.
C’était devenu invivable. On avait peur de venir travailler, peur de croiser le directeur dans un couloir. Il ne supportait aucune contrariété, c’étaient des colères terribles pour un oui ou pour un non.
– Un salarié de l’AGPM
Face à ces accusations, le parquet de Toulon a décidé de saisir un juge d’instruction. Et le 8 juin dernier, au terme d’une longue garde à vue, le directeur général et sa numéro 2 ont été mis en examen pour harcèlement moral et sexuel. Une perquisition a également eu lieu au siège de l’AGPM pour saisir des documents et du matériel informatique.
Présomption d’innocence
Malgré la gravité des faits qui leur sont reprochés, les deux dirigeants de l’AGPM restent pour l’heure présumés innocents, conformément au principe de la présomption d’innocence. Via leurs avocats, ils ont fait savoir qu’ils contestaient fermement les accusations portées contre eux, dénonçant une cabale orchestrée par des salariés malveillants.
Ils ont cependant été placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’exercer leur activité professionnelle, de se présenter dans les locaux de l’AGPM ou d’entrer en contact avec les plaignants et les témoins. Une mesure contraignante qui vise à éviter toute forme de pression durant la suite de l’enquête.
Et maintenant ?
Pour l’AGPM, c’est une véritable onde de choc. Déjà fragilisée par une précédente affaire de malversations financières il y a quelques années, la mutuelle va devoir rapidement restaurer la confiance de ses adhérents et de ses partenaires. Un défi de taille dans un contexte où chaque révélation fait l’effet d’une bombe.
De leur côté, les enquêteurs vont poursuivre leurs investigations pour tenter de faire toute la lumière sur cette affaire sordide. De nouvelles auditions devraient avoir lieu dans les prochaines semaines et rien n’indique que la liste des victimes présumées soit close. Un feuilleton judiciaire qui ne fait sans doute que commencer et qui risque de tenir en haleine le petit monde feutré des mutuelles militaires pendant encore de longs mois.