Depuis plusieurs semaines, le monde de la musique classique est secoué par un scandale d’une ampleur sans précédent. Au cœur de la tourmente : Gaël Darchen, le charismatique directeur de la prestigieuse Maîtrise des Hauts-de-Seine. Cet homme, adulé par certains, est aujourd’hui visé par pas moins de cinq plaintes pour harcèlement moral et sexuel. Une enquête explosive qui lève le voile sur les agissements troublants de celui qui régnait en maître absolu sur l’institution.
Un chef d’orchestre aux méthodes douteuses
Dès son arrivée à la tête de la Maîtrise en 2017, Gaël Darchen a imposé son style et sa vision. Musicien exigeant et passionné, il a rapidement su s’attirer les faveurs du public et des critiques. Mais derrière cette façade brillante se cache une réalité bien plus sombre. Selon les témoignages recueillis, le maestro n’hésitait pas à instaurer un climat malsain, fait de pressions psychologiques, de remarques déplacées et de gestes déplacés, particulièrement envers les femmes du chœur.
Dès ma première répétition, j’ai été choqué par l’attitude de Gaël Darchen envers les choristes féminines. Ces regards insistants, ces mains baladeuses, ces baisers dans le cou… C’était d’un autre temps, complètement inapproprié !
– Antoine, membre du chœur Unikanti
Une emprise psychologique sur les choristes
Au fil des témoignages, c’est tout un système pervers qui se dessine. Gaël Darchen, décrit comme un homme sanguin et rigide, savait aussi se montrer affable et charismatique. Il n’hésitait pas à jouer sur la corde sensible, présentant Unikanti, le chœur de jeunes adultes, comme “une grande famille”. Une proximité malsaine qui lui permettait d’asseoir son emprise sur les choristes, et de franchir allègrement les limites.
Les répétitions à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt étaient le théâtre de scènes surréalistes. Attouchements déguisés en gestes techniques, remarques graveleuses glissées au détour d’une partition… L’ambiance était clairement sexualisée, et personne n’osait s’en plaindre, de peur de subir les foudres du maestro ou d’être exclu de ce cercle “privilégié”.
Un homme à la vie opaque, obsédé par le pouvoir
Mais qui est réellement Gaël Darchen ? Si son talent de musicien est incontestable, l’homme reste un mystère. Peu d’informations filtrent sur sa vie privée, ses relations, ses activités en dehors de la Maîtrise. Une opacité qui interroge, tout comme sa fascination assumée pour le pouvoir et la domination. Était-il conscient de la gravité de ses actes ? Se croyait-il intouchable, protégé par son statut et sa réputation ?
Aujourd’hui, alors que les langues se délient et que les victimes présumées sortent de l’ombre, c’est toute la Maîtrise des Hauts-de-Seine qui vacille sur ses fondations. L’institution, réputée pour son excellence et son exigence, se retrouve éclaboussée par ce scandale qui n’en finit pas de révéler ses zones d’ombre. Car au-delà du cas Darchen, c’est bien la question de l’omerta, de la loi du silence qui règne dans le milieu musical, qui est posée avec une acuité nouvelle.
Les autorités compétentes, saisies des plaintes, ont ouvert une enquête pour faire toute la lumière sur cette sombre affaire. Gaël Darchen, qui nie farouchement les faits qui lui sont reprochés, a été placé en retrait de ses fonctions le 12 juillet dernier. Une décision qui marque peut-être le début d’une prise de conscience salutaire dans le monde si particulier de la musique classique, où le talent et le génie ont trop souvent servi d’excuse à l’inacceptable.
L’affaire Gaël Darchen est loin d’avoir livré tous ses secrets. Mais d’ores et déjà, elle nous oblige à regarder en face les dérives d’un système qui a trop longtemps fermé les yeux sur les prédateurs en son sein. Car pour que la musique reste cet art sublime qui nous élève et nous rassemble, elle se doit d’être irréprochable, sur scène comme en coulisses.