Boulogne-Billancourt, d’ordinaire si paisible, a été le théâtre d’un véritable séisme médiatique ce jeudi soir. En effet, pas moins de 2500 manifestants se sont rassemblés devant le siège de TF1 pour protester contre la diffusion d’une interview du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la chaîne d’information LCI. Une mobilisation d’une ampleur rare qui a rapidement viré au chaos.
Colère et indignation au rendez-vous
Dès 19h, une foule compacte et déterminée a commencé à se masser aux abords de la tour abritant le groupe TF1. Brandissant des drapeaux palestiniens et scandant des slogans hostiles à Israël, les manifestants ont exprimé avec force leur indignation face à la décision de la chaîne de donner la parole à Benjamin Netanyahou, qualifié par beaucoup de “criminel de guerre”.
“Gaza, Gaza, Paris est avec toi”, “Israël assassin”, “Un cessez-le-feu maintenant”
Slogans scandés par les manifestants
Malgré un important dispositif policier déployé pour contenir la foule, l’atmosphère s’est rapidement tendue. Certains manifestants sont même parvenus à bloquer brièvement une voie rapide proche, perturbant la circulation.
Une mobilisation spontanée
Si le rassemblement s’est déroulé globalement dans le calme, l’émotion était palpable parmi les manifestants, venus spontanément exprimer leur ras-le-bol face au traitement médiatique du conflit israélo-palestinien. Beaucoup dénoncent un “deux poids deux mesures” et l’absence de réelle condamnation des bombardements meurtriers menés par l’armée israélienne à Gaza.
“Je n’en peux plus de voir ces images de morts et d’enfants innocents. Il faut dire stop.”
Nadège, manifestante
Pour Soraya, étudiante en sciences politiques, c’est un véritable “génocide” qui est en cours à Gaza, dans l’indifférence générale :
“Pourquoi le monde ne dit rien face à ces bombes larguées sur des camps de réfugiés sans défense ?”
Soraya, étudiante
Boycott et sabotage
Avant même le début de la manifestation, plusieurs voix s’étaient élevées pour demander l’annulation pure et simple de l’interview de Benjamin Netanyahou. Des élus de la France Insoumise et des associations pro-palestiniennes ont multiplié les appels au boycott de TF1 et LCI. Certains, comme le député Louis Boyard, sont même allés jusqu’à suggérer aux salariés de la chaîne de “saboter l’émission”.
Contactée, la direction de TF1 n’a pas souhaité commenter ces propos polémiques. Mais en coulisses, on s’inquiète de la tournure prise par les événements et de possibles répercussions sur l’image du groupe.
Netanyahou inflexible, tollé garanti
Et Benjamin Netanyahou dans tout ça ? Fidèle à lui-même, le premier ministre israélien n’a rien lâché sur le fond lors de son interview fleuve sur LCI. Campant sur les positions de son gouvernement, il a rejeté en bloc les accusations de bavure et de crimes de guerre, les qualifiant de “calomnies antisémites”. Des propos qui ne manqueront pas de jeter de l’huile sur le feu des tensions déjà vives.
Cette soirée chaotique à Boulogne est symptomatique du fossé qui ne cesse de se creuser sur la question palestinienne. D’un côté, une frange de l’opinion de plus en plus mobilisée et remontée contre la politique israélienne. De l’autre, un gouvernement inflexible qui nie en bloc toute critique. Au milieu, des médias pris entre deux feux, soupçonnés tantôt de soutenir Israël, tantôt de faire le jeu des “antisémites”. Un champ de mines sur lequel TF1 a choisi de s’aventurer ce soir, au risque de déchaîner les passions. Pari risqué.
