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Scandale à Bétharram : L’Éducation nationale ordonne une inspection

Le ministère de l'Éducation nationale réagit enfin à l'affaire Bétharram qui secoue le monde de l'enseignement depuis plusieurs semaines. Une enquête préliminaire a été ouverte suite à 112 plaintes pour violences et agressions sexuelles au sein du prestigieux établissement privé sous contrat. Le ministre a demandé au rectorat de...

C’est un séisme qui ébranle le monde feutré de l’enseignement catholique. Le collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, établissement privé sous contrat réputé des Pyrénées-Atlantiques, est depuis plusieurs semaines au cœur d’un scandale retentissant. Pas moins de 112 plaintes pour violences physiques et agressions sexuelles ont été déposées, visant des faits qui se seraient déroulés dans l’établissement entre les années 1960 et 2011. Le parquet de Pau a ouvert une enquête préliminaire.

Le ministère de l’Éducation nationale sort de son silence

Mais alors que l’affaire prend de l’ampleur, le ministère de l’Éducation nationale ne pouvait plus rester silencieux. Il vient d’annoncer avoir demandé au rectorat de Bordeaux d’avancer ses opérations de contrôle afin « de disposer d’éléments sur le fonctionnement actuel de cet établissement ». Des recherches seraient également menées pour retrouver d’éventuels contrôles antérieurs, même si le ministère reconnaît ne pas disposer de tels éléments à ce stade.

Une circulaire datant de juin 2024 demandait pourtant déjà aux recteurs de renforcer les contrôles des établissements privés sous contrat, dans le cadre d’une stratégie pluriannuelle. Les moyens alloués avaient été renforcés et l’objectif fixé était ambitieux : 40% des établissements devaient avoir fait l’objet d’un contrôle à l’horizon 2027. Mais manifestement, cela n’a pas suffi à prévenir le drame de Bétharram.

François Bayrou dans la tourmente

L’affaire met également dans l’embarras le maire de Pau François Bayrou, par ailleurs Haut-commissaire au Plan. Accusé par la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles à Bétharram, il doit rencontrer samedi à Pau le collectif des victimes. Une rencontre sous haute tension, tant le président du MoDem est fragilisé par ce scandale qui vient s’ajouter aux affaires qui l’ont déjà éclaboussé par le passé.

« Je n’ai jamais eu connaissance, à aucun moment, d’actes de pédocriminalité ou de violences sexuelles. Si cela avait été le cas, j’en aurais immédiatement informé la justice »

a déclaré François Bayrou, tentant de se défendre face à la polémique.

Mais ses dénégations peinent à convaincre. Plusieurs personnalités de gauche l’accusent d’avoir couvert ces agissements, lui qui a été professeur à Bétharram pendant 5 ans dans les années 70. Difficile d’imaginer qu’il n’ait jamais eu vent des violences qui s’y déroulaient. Sur Twitter, des voix s’élèvent pour demander sa démission du gouvernement.

Vers une commission d’enquête parlementaire ?

Le scandale prend une telle ampleur qu’il pourrait désormais se prolonger sur le terrain politique. À l’Assemblée nationale, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le contrôle des établissements scolaires privés, réclamée par le député insoumis Paul Vannier, sera discutée mercredi en commission des affaires culturelles et de l’éducation.

Le député souhaite faire la lumière sur les dysfonctionnements qui ont permis que de tels actes se déroulent pendant si longtemps, dans un établissement pourtant sous contrat avec l’état. Les révélations sur l’affaire Bétharram ne font que renforcer les critiques récurrentes contre le manque de contrôle du privé par les pouvoirs publics.

« Il est temps de mettre fin à l’omerta et à l’impunité qui règnent dans certains de ces établissements privés. L’État ne peut plus fermer les yeux »

a déclaré Paul Vannier pour justifier sa demande d’enquête parlementaire.

L’Église catholique une nouvelle fois éclaboussée

Pour l’Église catholique, ce scandale qui touche un établissement emblématique de l’enseignement confessionnel est un nouveau coup dur. Après les révélations sur l’ampleur de la pédocriminalité en son sein, elle se retrouve une fois de plus éclaboussée par une affaire mettant en cause certains de ses membres.

Selon des sources concordantes, plusieurs religieux en poste à Bétharram au moment des faits seraient cités dans les plaintes des victimes. Contacté, le diocèse de Bayonne n’a pas souhaité faire de commentaire, indiquant seulement suivre « avec attention et émotion » la situation. Nul doute que le pape François, qui a fait de la lutte contre les abus sexuels une priorité de son pontificat, suivra lui aussi de près l’évolution de ce dossier brûlant.

Le scandale de Bétharram jette en tout cas une lumière crue sur les défaillances de l’enseignement catholique en matière de protection des mineurs. Jusqu’où remonteront les responsabilités ? Les langues vont-elles enfin se délier ? L’Éducation nationale parviendra-t-elle cette fois à faire la transparence ? Autant de questions qui agitent désormais la communauté éducative et auxquelles la justice devra répondre.

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