C’est un sauvetage aussi périlleux qu’exceptionnel qui s’est déroulé la semaine dernière dans l’Himalaya népalais. Les corps de cinq alpinistes russes, morts lors de l’ascension du redoutable Dhaulagiri, le septième plus haut sommet du monde, ont été récupérés par des sauveteurs népalais. Une opération à hauts risques rendue encore plus complexe par des conditions météorologiques défavorables et l’altitude extrême à laquelle se trouvaient les dépouilles.
Une cordée happée par la montagne
Le drame s’est noué le 6 octobre dernier. Une cordée de six alpinistes russes s’attaque aux 8167 mètres du Dhaulagiri, un sommet réputé technique et engagé. Mais à environ 7000 mètres d’altitude, c’est le drame. Cinq des six grimpeurs perdent la vie, emportés par une chute ou terrassés par le mal aigu des montagnes. Seul un membre de l’expédition, qui avait fait demi-tour un peu plus tôt, en réchappe.
Les secours sont rapidement alertés mais doivent composer avec une météo capricieuse qui interdit tout hélitreuillage. Il faudra patienter près d’une semaine pour que les conditions permettent d’envisager une opération de sauvetage. Une attente interminable pour les proches des victimes et un véritable “supplice de Tantale” pour les secouristes, impatients de pouvoir intervenir.
Face à un drame d’une telle ampleur, chaque minute compte. Nous étions suspendus aux conditions météo, espérant une fenêtre pour agir au plus vite.
– Un responsable des secours
Un sauvetage aérien impossible
Quand le ciel se dégage enfin, l’espoir renaît. Mais très vite, les sauveteurs comprennent qu’un hélitreuillage sera impossible. La zone où se trouvent les corps, sur une pente de glace très raide à environ 7000 mètres d’altitude, est bien trop dangereuse et technique pour qu’un hélicoptère puisse s’en approcher sans risques.
Même avec des pilotes chevronnés, habitués à évoluer en très haute montagne, la configuration du site interdisait toute tentative de treuillage. Il a fallu envisager un autre mode opératoire.
– Un expert en sauvetage en milieu vertical
C’est finalement une technique rare et spectaculaire qui sera employée : le sauvetage en palanquée. Helico stationné à distance de sécurité, un sauveteur spécialisé est descendu en rappel, accroché au bout d’une longue corde, pour atteindre les corps un par un et les ramener.
18 morts en 2023 sur les sommets népalais
Ce tragique accident porte à 18 le nombre de victimes en montagne au Népal depuis le début de l’année 2023, un triste record. L’Himalaya ne cesse d’attirer des alpinistes du monde entier, prêts à braver tous les dangers pour fouler ses sommets mythiques.
Si le Népal a renforcé les critères de sélection pour l’octroi des permis d’ascension, la course aux records et aux premières pousse de nombreux alpinistes à prendre toujours plus de risques. Un constat qui inquiète autant qu’il attriste la communauté de la montagne.
Chaque drame est un de trop. Mais l’attrait de l’Himalaya est tel qu’il y aura toujours des candidats à l’exploit, prêts à mettre leur vie en jeu. C’est à la fois la beauté et la dureté de notre passion.
– Un guide de haute montagne
Cet été, pas moins de trois expéditions avaient prévu de s’attaquer au Dhaulagiri par sa face ouest, encore invaincue. Après ce drame, et malgré l’approche de la mousson qui signe généralement la fin de la saison himalayenne, auront-elles toujours la volonté de défier la “montagne blanche” ? Une question qui résonne tristement à l’heure d’honorer la mémoire des disparus.
