Sur l’île Marion, à 2000 km au sud-est de l’Afrique du Sud, une menace pèse sur la survie des majestueux albatros et autres oiseaux marins : des souris introduites qui dévorent sans pitié leurs œufs, leurs poussins et même les adultes. Face à ce fléau, un projet ambitieux baptisé “Mouse-Free Marion” veut éradiquer ces rongeurs envahissants grâce à une opération titanesque impliquant des hélicoptères et des centaines de tonnes de souricide. Une course contre la montre est engagée pour sauver ces joyaux de la biodiversité.
Une hécatombe silencieuse dans un sanctuaire d’oiseaux marins
Située dans l’océan Indien, l’île Marion est un territoire d’une richesse écologique exceptionnelle. Pas moins de 29 espèces d’oiseaux marins, dont le quart de la population mondiale d’albatros hurleurs, y nichent à l’abri des prédateurs terrestres. Mais cet équilibre est aujourd’hui gravement menacé par des souris domestiques introduites accidentellement au début du 19ème siècle.
Ces rongeurs opportunistes, profitant de l’absence de prédateurs naturels, pullulent et s’attaquent aux couvées sans défense. Les albatros hurleurs, qui nichent à même le sol, sont particulièrement vulnérables. Les souris n’hésitent pas à s’en prendre directement aux poussins et même aux adultes, les dévorant vivants pendant des jours jusqu’à ce que mort s’ensuive, comme l’explique avec émotion Mark Anderson, président de BirdLife South Africa :
Les souris leur grimpent dessus tout simplement et les dévorent peu à peu jusqu’à ce qu’ils meurent. Nous perdons des centaines de milliers d’oiseaux marins chaque année par la faute des souris.
Mark Anderson, président de BirdLife South Africa
Sur les 29 espèces d’oiseaux marins nichant sur l’île, 19 sont menacées d’extinction locale à cause de ce fléau. Une situation alarmante qui appelle une réponse à la hauteur de l’enjeu.
2027, l’année de la reconquête
Pour enrayer cette hécatombe, le projet “Mouse-Free Marion” veut frapper un grand coup en éradiquant complètement les souris de l’île. Un défi logistique et financier colossal, chiffré à près de 30 millions de dollars.
Au cœur de ce plan audacieux : le largage aérien de 600 tonnes de souricide, dissimulé dans des appâts, sur chaque recoin de l’île escarpée. Une opération minutieusement préparée qui se déroulera durant l’hiver austral 2027, lorsque la faim poussera les rongeurs à consommer les appâts et que la plupart des oiseaux marins migrateurs seront absents.
Pas moins de 5 à 6 hélicoptères seront mobilisés pour quadriller les 300 km² de l’île, sans laisser la moindre souris rescapée. Car comme l’explique Mark Anderson, l’objectif est clair :
Nous devons nous débarrasser de toutes les souris, sans exception. S’il restait un mâle et une femelle, ils pourraient se reproduire et la situation pourrait redevenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Mark Anderson, président de BirdLife South Africa
Une cause qui mobilise
Pour financer cette opération hors-norme, BirdLife South Africa multiplie les levées de fonds. Un quart du budget, soit près de 7 millions de dollars, a déjà été réuni grâce à la générosité de donateurs. Car au-delà de l’aspect technique et logistique, c’est toute une communauté de passionnés, de scientifiques et d’amoureux de la nature qui se mobilise pour la survie de ce joyau de biodiversité.
Les albatros, ces géants des mers capables de parcourir des milliers de kilomètres, sont devenus malgré eux les ambassadeurs d’une lutte qui dépasse largement les frontières de l’île Marion. Car à travers leur sauvetage, c’est tout un écosystème unique et fragile qui pourrait renaître, pour le plus grand bonheur des générations futures.
La réussite de “Mouse-Free Marion” constituerait un formidable message d’espoir, prouvant que face aux immenses défis écologiques de notre temps, la mobilisation et l’ingéniosité humaines peuvent encore faire la différence. Rendez-vous en 2027 pour le lancement de cette opération historique !