Le secteur des pompes à chaleur traverse une zone de turbulences. Dernière victime en date : l’usine Saunier-Duval de Nantes, filiale du groupe Vaillant. Sa direction vient d’annoncer un plan social d’envergure, avec la suppression du tiers de ses effectifs. Soit 250 postes qui vont disparaître sur les 750 que compte le site. Un coup de tonnerre dans le paysage industriel nantais.
Un marché européen en berne
Pourtant, tout avait bien commencé. En 2022, Saunier-Duval inaugurait fièrement une nouvelle ligne de production flambant neuve dans son usine nantaise, surfant sur le boom des pompes à chaleur. Las, le soufflé est vite retombé. “Ce sont maintenant tous les marchés européens qui sont en berne“, justifie Yuna Jossé, directrice du site, pour expliquer ces licenciements massifs.
Une conjoncture défavorable qui frappe de plein fouet le groupe Vaillant, contraint de se séparer de plus de 700 postes à travers l’Europe. À Nantes, les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour les salariés. En mai, la direction évoquait déjà une cinquantaine de suppressions de postes “secondaires”. Mais la pilule est d’autant plus dure à avaler que ce sont finalement 180 emplois ouvriers qui passeront à la trappe, eux qui devaient être épargnés initialement.
Vers une casse sociale?
Les syndicats ne décolèrent pas et dénoncent la brutalité de l’annonce, faite un 15 juillet, à la veille des vacances. “La direction se gargarise d’être bienveillante mais ce n’est pas ce qu’il y avait de plus délicat à faire“, fustige Bruno Hatton, représentant Force Ouvrière. Ils redoutent une véritable casse sociale et tirent la sonnette d’alarme :
C’est un coup de massue pour le secteur de l’industrie à Nantes.
Bruno Hatton, Force Ouvrière Métaux
Les négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi doivent s’ouvrir à la rentrée. La direction table sur des départs volontaires dès janvier 2025, avant de procéder à des licenciements secs. Seul motif d’espoir : un réexamen de la situation est prévu fin mars, en fonction de l’état du marché.
L’avenir du chauffage écologique en question
Au-delà du site nantais, c’est tout le secteur des pompes à chaleur et la stratégie française de transition énergétique qui vacillent. Pourtant, le gouvernement ne jurait que par cette technologie il y a peu. En avril, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire promettait encore de réorienter dès 2025 les aides publiques vers les équipements les plus vertueux.
Mais le volontarisme politique ne fait visiblement pas tout. Face à la crise, syndicats et direction en appellent de concert à un sursaut des pouvoirs publics pour sauver l’industrie locale et les emplois. Le dossier s’annonce brûlant pour les élus, de la métropole nantaise jusqu’à Bercy. L’avenir du chauffage décarboné en France en dépend largement.