Une découverte archéologique majeure vient d’être réalisée sur le site antique de Louxor, en Égypte. Des chercheurs français de l’Université de Strasbourg et de l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO) ont exhumé un sarcophage datant du Moyen Empire égyptien lors de fouilles menées en décembre dernier. Cette trouvaille exceptionnelle apporte un nouvel éclairage sur les coutumes funéraires des anciens Égyptiens.
Un sarcophage réinhumé du Moyen Empire
Le sarcophage mis au jour daterait de la période s’étendant de la fin du 21e siècle à la fin du 18e siècle avant notre ère, correspondant au Moyen Empire égyptien. Mais la particularité de cette découverte est qu’il s’agit en réalité d’une réinhumation. En effet, ce n’est pas la première fois que des sarcophages anciens sont découverts sur ce site par les équipes françaises.
En 2018 et 2019, cinq sarcophages du Nouvel Empire avaient déjà été exhumés. Ceux-ci étaient aussi des cercueils réinhumés, c’est-à-dire déplacés de leur sépulture d’origine. C’est justement pour mieux comprendre le contexte et l’ampleur de ces trouvailles précédentes que cette nouvelle campagne de fouilles a été organisée conjointement par l’Université de Strasbourg et l’IFAO.
Trois ans de fouilles minutieuses
Les archéologues ont travaillé pendant six mois, répartis sur trois campagnes de fouilles, pour étudier une stratigraphie de plus de huit mètres d’épaisseur. Cet ensemble de couches géologiques et archéologiques superposées s’est accumulé sur le site pendant plus de 3000 ans. Un travail de fourmi qui a finalement porté ses fruits le dernier jour de la troisième campagne avec la découverte de ce sarcophage du Moyen Empire.
Le cercueil a été protégé et transporté dans un coffre en bois sur mesure. Son contenu sera étudié en détail lors de la prochaine campagne prévue en octobre 2025, en collaboration avec des archéoanthropologues spécialistes de l’étude des restes humains. Toutes les étapes seront modélisées en 3D, une méthode high-tech employée systématiquement par l’équipe depuis 2018.
Des coutumes funéraires fascinantes
Au-delà de leur caractère spectaculaire, ces sarcophages réinhumés nous en apprennent beaucoup sur les pratiques et croyances des anciens Égyptiens. Comme l’explique Frédéric Colin, directeur de l’Institut d’égyptologie de l’Université de Strasbourg, ces découvertes éclairent :
Une question anthropologique importante qui est de savoir comment les Égyptiens anciens se comportaient vis-à-vis du corps momifié et des sépultures de leurs ancêtres lorsqu’ils découvraient des cercueils anciens et qu’ils devaient les exproprier de leur lieu de dernier repos.
En effet, il semble que déplacer et réinhumer des momies plus anciennes, lorsque cela s’avérait nécessaire, était une pratique courante pour les Égyptiens de l’Antiquité. Cela témoigne du respect et de l’importance qu’ils accordaient aux dépouilles de leurs aïeux, même longtemps après leur décès initial.
Il est passionnant de constater que malgré les siècles et les millénaires qui nous séparent, les archéologues d’aujourd’hui marchent dans les pas de leurs lointains prédécesseurs égyptiens. Eux aussi exhument avec précaution de vénérables sarcophages pour les étudier et les préserver, poursuivant cette chaîne ininterrompue de transmission et de fascination pour l’au-delà.
De nouvelles découvertes à venir
Cette mission française n’a pas fini de nous étonner. Le mystérieux sarcophage du Moyen Empire n’a été qu’effleuré pour l’instant. Sa fouille complète aura lieu dès octobre prochain et sera sans nul doute riche en révélations. D’après le professeur Colin, les archéologues n’en sont qu’au début :
Les chercheurs n’ont qu’effleuré la couche où se trouvait le cercueil, sa fouille reprendra dès le début de la prochaine campagne en octobre 2025.
Gageons que le site de Louxor n’a pas encore livré tous ses trésors. Les archéologues sont sur une piste très prometteuse qui pourrait confirmer l’existence d’un vaste ensemble de sépultures réutilisées au fil des siècles et des dynasties égyptiennes. Une pratique méconnue et fascinante qui nous ramène aux sources de la civilisation pharaonique et de son rapport à la mort.
Nous suivrons avec impatience les prochains épisodes de ce feuilleton archéologique passionnant. Nul doute que Louxor et son sarcophage anonymous ont encore beaucoup à nous apprendre sur les coutumes funéraires et les croyances de nos lointains ancêtres égyptiens. Une page de plus à ajouter au grand livre de l’Histoire, patiemment reconstitué par les efforts conjoints des chercheurs du monde entier.
