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Saoudiens et Américains renouvellent leur amitié, misant sur l’avenir

L'Arabie saoudite mise gros sur les Etats-Unis. Le prince héritier Mohammed ben Salmane annonce 600 milliards de dollars d'investissements sur 4 ans lors d'un appel de félicitations à Donald Trump pour son retour à la Maison Blanche. Une relation en dents de scie mais...

Une nouvelle page semble s’écrire dans les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis. Lors d’un appel téléphonique de félicitations pour le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a annoncé que son pays comptait augmenter massivement ses investissements et échanges commerciaux avec les États-Unis, à hauteur de 600 milliards de dollars sur quatre ans, voire davantage.

Un pari sur l’avenir malgré une relation en dents de scie

Cette annonce intervient alors que les deux pays ont connu des hauts et des bas ces dernières années. Arrivé au pouvoir en 2017, Donald Trump avait rapidement renforcé les liens avec la puissante monarchie du Golfe, en faisant de Riyad la destination de son premier déplacement à l’étranger. Mais les relations se sont ensuite refroidies, notamment après une attaque imputée à l’Iran en 2019 qui avait fortement impacté la production de brut saoudienne, et face à laquelle Washington n’avait pas réagi assez fermement selon Riyad.

L’arrivée de Joe Biden avait aussi marqué un tournant, celui-ci critiquant le royaume pour ses violations des droits de l’homme, en particulier après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en Turquie en 2018. Mais les liens se sont réchauffés, les deux parties tentant même de négocier un accord de reconnaissance d’Israël par l’Arabie saoudite en échange d’un pacte de défense et d’une aide américaine pour un programme nucléaire civil saoudien. Un projet suspendu avec le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza en octobre 2023.

Des intérêts stratégiques partagés

Si les relations ont connu des fluctuations, l’Arabie saoudite et les États-Unis restent liés par des intérêts énergétiques et sécuritaires majeurs. Premier exportateur mondial de pétrole, le royaume est un partenaire clé de Washington. Et les deux pays partagent des préoccupations communes face à l’Iran ou aux groupes terroristes dans la région.

L’Arabie saoudite élargirait ses investissements et échanges commerciaux avec les États-Unis à hauteur de 600 milliards de dollars sur quatre ans, voire davantage.

Mohammed ben Salmane, prince héritier d’Arabie saoudite

Un engagement financier massif

C’est donc un signal fort qu’a voulu envoyer Mohammed ben Salmane avec cette promesse d’investissements massifs. Si les contours de ces projets restent à préciser, cela pourrait concerner les secteurs pétrolier et gazier, la défense, mais aussi les nouvelles technologies, les infrastructures ou encore le tourisme et les loisirs, domaines dans lesquels l’Arabie saoudite cherche à se diversifier.

Cet engagement financier s’inscrit dans le cadre du plan de réformes « Vision 2030 » porté par le prince héritier, qui vise à réduire la dépendance du royaume au pétrole. Attirer les investissements étrangers et nouer des partenariats avec des puissances comme les États-Unis en est un levier essentiel.

L’équation israélo-palestinienne en toile de fond

Mais cette main tendue saoudienne intervient aussi dans un contexte géopolitique régional tendu, marqué par le conflit israélo-palestinien. L’attaque meurtrière du Hamas en Israël en octobre 2023 et la guerre qui a suivi dans la bande de Gaza ont mis en suspens le rapprochement timide engagé entre l’Arabie saoudite et l’État hébreu, sous l’égide des États-Unis.

Riyad doit en effet composer avec son opinion publique et le monde arabe, très sensibles à la question palestinienne. Toute normalisation avec Israël sans avancées sur ce dossier apparaît délicate. En renforçant ses liens avec Washington, Mohammed ben Salmane cherche peut-être aussi à peser dans la recherche d’une solution à ce conflit endémique.

Des défis intérieurs à relever

Enfin, en misant sur son partenariat avec les États-Unis, le royaume cherche des appuis pour mener à bien ses réformes économiques et sociales. Car malgré son immense richesse pétrolière, l’Arabie saoudite fait face à de nombreux défis :

  • Une économie peu diversifiée et dépendante des hydrocarbures
  • Un chômage élevé, surtout chez les jeunes
  • Des inégalités sociales et régionales importantes
  • Une volonté d’ouverture qui se heurte aux pesanteurs d’une société conservatrice

L’arrivée d’investissements et de savoir-faire américains pourraient aider à dynamiser des secteurs comme les services, le numérique ou le divertissement, et à créer les emplois dont le pays a cruellement besoin. Aussi, la proximité avec Washington est vue comme un gage de stabilité par les investisseurs internationaux et les élites économiques saoudiennes.

À travers cet engagement auprès de Donald Trump, Mohammed ben Salmane adresse donc plusieurs messages. Celui d’un royaume qui reste un acteur économique de premier plan, capable de mobiliser des sommes considérables. Celui d’un pays qui, malgré les turbulences, voit son avenir aux côtés des États-Unis. Mais aussi celui d’un dirigeant qui a besoin du soutien américain pour asseoir son pouvoir et sa légitimité, sur la scène internationale comme à l’intérieur de ses frontières. Une manière habile, en somme, de mêler intérêts stratégiques, calculs politiques et ambitions économiques.

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