En dépit des menaces douanières brandies par le président américain Donald Trump, la banque espagnole Santander continue de miser gros sur le Mexique. Lors d’une récente rencontre avec la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, la dirigeante de Santander Ana Botin a annoncé un investissement colossal de 2 milliards de dollars dans le pays, témoignant de sa confiance dans « l’énorme potentiel de développement » du Mexique.
Cette injection massive de capitaux, l’une des plus importantes sur trois ans pour Santander dans le pays, a été saluée par Mme Sheinbaum comme un signe fort de « confiance dans le pays ». Selon Mme Botin, le Mexique est voué à se démarquer positivement de nombreux autres marchés où opère le groupe bancaire, et ce malgré le spectre des tarifs douaniers.
Un pari audacieux dans un contexte tendu
L’engagement de Santander intervient dans un climat économique particulièrement délicat entre les États-Unis et le Mexique. Le président Trump accuse de longue date son voisin du Sud de laxisme dans la lutte contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine, menaçant régulièrement d’imposer des taxes de 25% sur les importations mexicaines.
Face à cette épée de Damoclès, le gouvernement mexicain a dû consentir en février dernier au déploiement de 10 000 forces de sécurité le long de sa frontière nord. Une concession qui a permis de suspendre temporairement l’application des sanctions douanières, sans pour autant apaiser durablement les tensions.
Le Mexique, un géant économique en devenir
Dans ce contexte, le pari de Santander apparaît pour le moins audacieux. Il témoigne cependant de la résilience et du potentiel de l’économie mexicaine. Comme le souligne Mme Botin, le peso mexicain demeure « une monnaie bien plus résiliente que d’autres, par exemple l’euro », en dépit des pressions extérieures.
Cette confiance dans la solidité du Mexique est partagée au plus haut niveau de l’État. Le « plan Mexico » du gouvernement ambitionne ainsi de porter la part des investissements publics et privés à 28% du PIB d’ici 2030, contre 25% actuellement. L’objectif ultime : faire accéder le pays au statut de 10ème économie mondiale, contre la 12ème place occupée aujourd’hui.
Miser sur l’innovation et le numérique
Pour Santander, cet investissement massif est aussi l’occasion d’accélérer sa mue digitale. Les fonds injectés doivent notamment permettre de déployer au Mexique la banque en ligne Openbank, déjà présente dans plusieurs pays européens et aux États-Unis.
Openbank est une nouvelle étape dans la transformation du groupe et représente une excellente opportunité de gagner la confiance de nouveaux clients numériques.
Ana Botin, présidente de Santander
À travers cette stratégie, le géant bancaire espagnol entend bien se positionner comme un acteur majeur de l’innovation financière sur le marché mexicain. Un marché à fort potentiel, porté par une population jeune, connectée et une croissance économique solide.
Un signal fort pour l’économie mexicaine
Au-delà de Santander, cet investissement massif envoie un signal fort sur l’attractivité et la résilience de l’économie mexicaine dans son ensemble. Il confirme la capacité du pays à attirer les capitaux étrangers et à se projeter vers l’avenir, en dépit d’un contexte géopolitique et commercial incertain.
Reste à voir si cette confiance sera récompensée sur le long terme. Une chose est sûre : avec cet investissement, Santander place le Mexique au cœur de sa stratégie de développement, pariant sur l’émergence d’un futur géant économique aux portes des États-Unis. Un pari osé, mais potentiellement visionnaire, qui sera scruté avec attention par l’ensemble des acteurs économiques internationaux.