Les relations entre les États-Unis et le Venezuela se dégradent encore davantage suite à l’annonce par Washington d’une nouvelle série de sanctions visant des hauts responsables vénézuéliens. Cette décision intervient quelques mois après la réélection contestée du président Nicolas Maduro en juillet dernier, que l’opposition et de nombreux pays considèrent comme frauduleuse.
Une vingtaine de dignitaires dans le collimateur américain
Le département du Trésor américain a ajouté 21 personnes supplémentaires à sa liste noire, leur reprochant d’avoir participé à la répression des manifestations qui ont suivi le scrutin présidentiel. Parmi eux figurent notamment :
- Les directeurs des services de renseignement (Sebin) et de contre-espionnage militaire (DGCIM)
- Le chef de la police nationale, le général Ruben Santiago
- Dix officiers supérieurs de la Garde nationale bolivarienne, chargée du maintien de l’ordre
- Sept membres du gouvernement dont le ministre de la Communication Freddy Nanez
Ces sanctions ont pour conséquence de geler les éventuels avoirs de ces individus aux États-Unis et d’interdire toute transaction financière les impliquant via des institutions bancaires américaines. Près de 2000 responsables vénézuéliens font désormais l’objet de restrictions de visa.
Washington dénonce une « tentative désespérée de réduire les citoyens au silence »
Pour Bradley Smith, sous-secrétaire au Trésor américain, ces sanctions visent à condamner « la répression de Maduro et de ses représentants suite à l’élection présidentielle, une tentative désespérée de réduire au silence ses citoyens ». Les États-Unis, à l’instar de l’Union Européenne et de nombreux pays latino-américains, ne reconnaissent pas la légitimité de la réélection de Nicolas Maduro.
Lors du scrutin de juillet, le Conseil national électoral vénézuélien avait proclamé la victoire du président sortant sans toutefois publier les résultats détaillés, invoquant un piratage informatique jugé peu crédible. L’opposition affirme de son côté détenir les preuves de la victoire de son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, avec plus de 67% des voix.
Caracas dénonce des mesures contre des « patriotes »
La réaction des autorités vénézuéliennes ne s’est pas fait attendre, qualifiant ces nouvelles sanctions « d’acte désespéré contre le peuple vénézuélien et un groupe de patriotes ». Pour la diplomatie vénézuélienne, Washington cherche ainsi à masquer son « échec électoral retentissant » suite à la victoire de Donald Trump.
Les mesures annoncées aujourd’hui sont un acte désespéré d’un gouvernement décadent et erratique, qui cherche à cacher son échec électoral retentissant.
Communiqué du ministère des Affaires étrangères vénézuélien
Au lendemain de l’élection, les manifestations de l’opposition contestant les résultats ont été sévèrement réprimées, causant la mort d’au moins 28 personnes et faisant 200 blessés selon un bilan d’ONG. Environ 2400 personnes ont été arrêtées, détenues dans des conditions jugées « inhumaines » par leurs proches.
Une prestation de serment sous haute tension prévue en janvier
Malgré la contestation internationale et les sanctions américaines, le président Maduro compte bien entamer un nouveau mandat. Sa prestation de serment est prévue le 10 janvier prochain, dans un climat politique et social particulièrement tendu.
De son côté, l’opposition appelle à une grande manifestation le 1er décembre pour réclamer le départ de Maduro et la tenue de nouvelles élections libres et transparentes. La crise politique qui secoue le Venezuela depuis plusieurs années semble malheureusement loin d’être terminée, sur fond de profonde crise économique et humanitaire.