Quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie sauvagement décapité par un terroriste islamiste, le traumatisme reste vif. Au-delà de l’émotion, ce drame a mis en lumière de graves dysfonctionnements au sein de l’État et de l’Éducation nationale, qui peinent encore aujourd’hui à protéger les enseignants face à la menace islamiste. Un documentaire poignant, diffusé le 16 octobre sur C8, retrace les onze derniers jours de Samuel Paty, à travers le combat de sa sœur Mickaëlle pour la vérité.
Les failles béantes de l’État et de l’Éducation nationale
Selon Stéphane Simon, le producteur du documentaire «Au nom de mon frère», l’assassinat de Samuel Paty révèle un «scandale d’État». L’enquête met en lumière une série de manquements graves :
- L’abandon de Samuel Paty par ses collègues et sa hiérarchie, qui n’ont pas su le soutenir face aux menaces.
- Le mensonge d’une collégienne à l’origine de la cabale, condamnée depuis mais dont les affabulations ont été prises pour argent comptant.
- L’inaction des ministères, en particulier celui de l’Intérieur, qui n’a pas su déployer les mesures de protection nécessaires.
Il eut suffi d’un coup de téléphone de la brigade territoriale des Yvelines permettant à Samuel Paty de rester chez lui quelques jours.
Stéphane Simon, producteur du documentaire «Au nom de mon frère»
Depuis, les choses ont-elles vraiment changé ? Rien n’est moins sûr. Certes, la «protection fonctionnelle» est désormais attribuée quasi-automatiquement aux enseignants menacés. Mais sur le terrain, dans les établissements, la sécurisation n’a que peu évolué. Et surtout, c’est une véritable omerta qui règne parmi les professeurs.
L’autocensure, un mal pernicieux
Plus d’un professeur sur deux avoue aujourd’hui s’autocensurer dans ses enseignements, de peur de s’attirer des ennuis. Fini les sujets qui fâchent, place à la langue de bois. Un comble pour ces hussards de la République, dont la mission est justement d’éveiller l’esprit critique des élèves.
Cette autocensure conduit certains professeurs à craindre l’exercice même de leur métier dans des collèges ou lycées qui s’appellent Samuel Paty.
Stéphane Simon
Le nom de Samuel Paty, symbole s’il en est de la résistance à l’obscurantisme, fait désormais peur à ceux-là mêmes qui devraient le brandir comme un étendard. Un comble. Seule la solidarité et le courage permettront de combattre ce fléau.
La laïcité en recul à l’école ?
Dans ce contexte, les déclarations de la ministre de l’Éducation nationale, assurant que «les atteintes à la laïcité reculent» à l’école, font grincer des dents. Certes, des efforts ont été faits, notamment sur le port de tenues religieuses. Mais le mal est plus profond.
- De nombreux professeurs ne signalent plus les atteintes à la laïcité, las de ne pas être entendus.
- D’autres préfèrent fermer les yeux, par peur des représailles.
- Quant aux statistiques brandies par le ministère, elles sont éminemment contestables.
Bref, le ver est dans le fruit. Et quatre ans après le drame de Conflans-Sainte-Honorine, force est de constater qu’il n’y a pas eu de véritable électrochoc. Les professeurs restent en première ligne, trop souvent livrés à eux-mêmes face à la pression communautariste. Un constat alarmant, qui appelle une réaction forte des pouvoirs publics.
Un devoir de vérité
En attendant, le combat de Mickaëlle Paty pour établir la vérité sur la mort de son frère est plus que jamais nécessaire. Parce que c’est le meilleur des hommages à lui rendre. Mais aussi parce que c’est un impératif pour que l’école de la République ne cède plus un pouce de terrain à ses ennemis. Un devoir de vérité et de vigilance, pour que le sacrifice de Samuel Paty ne soit pas vain.