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Salon du Bourget : Polémique sur les Armes à Israël

Amnesty International accuse des ventes d'armes à Israël au Salon du Bourget. Quelles entreprises sont visées ? Quels risques juridiques ? La polémique explose...

Chaque année, le Salon du Bourget attire les regards du monde entier, réunissant les géants de l’aéronautique et de la défense dans une vitrine technologique sans pareil. Mais en 2025, l’événement est éclipsé par une controverse majeure : des accusations portées par Amnesty International pointent du doigt la présence d’entreprises impliquées dans des ventes d’armes à Israël, en pleine guerre à Gaza. Cette polémique, mêlant éthique, droit international et géopolitique, soulève des questions brûlantes : comment concilier commerce et responsabilité dans un monde fracturé par les conflits ?

Une Vitrine Aéronautique sous le Feu des Critiques

Le Salon international de l’aéronautique et de l’espace, qui s’est ouvert en juin 2025, est un rendez-vous incontournable pour les professionnels du secteur. Avions de chasse, drones, systèmes de défense : les stands regorgent d’innovations. Mais cette année, l’éclat des technologies est terni par une accusation grave : des entreprises exposantes fourniraient des armes utilisées dans le conflit à Gaza. Amnesty International, fer de lance de cette dénonciation, met en lumière des pratiques qui, selon l’ONG, violent les obligations internationales.

Neuf entreprises israéliennes, leaders dans les technologies militaires aérospatiales, sont présentes au salon. Ce chiffre, bien que réduit de 70 % par rapport à 2019, reste un point de friction. Après 20 mois de guerre à Gaza, déclenchée en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, leur participation est perçue comme une provocation par certains. Comment justifier la présence de ces acteurs dans un contexte aussi sensible ?

Amnesty International : Une Dénonciation au Vitriol

Dans un communiqué cinglant, Amnesty International accuse des États et des entreprises de poursuivre des transferts d’armes vers Israël, malgré les risques de complicité dans des crimes internationaux. L’ONG va plus loin, affirmant que ces agissements pourraient enfreindre l’obligation de prévenir le génocide. Pour marquer les esprits, Amnesty a lancé un faux site internet, ironiquement nommé Salon du Génocide, dénonçant l’hypocrisie d’un salon qui, selon eux, fait la promotion d’armes controversées.

« Les États qui continuent à transférer des armes à Israël violent leur obligation d’empêcher le crime de génocide et risquent de devenir complices. »

Amnesty International

Ce n’est pas la première fois que l’ONG met en garde contre les ventes d’armes. Elle pointe du doigt des entreprises qui, en fournissant des composants ou des systèmes complets, alimentent un conflit marqué par des pertes civiles massives. Mais qu’en est-il des responsabilités des États ?

La France dans le Viseur

Les accusations d’Amnesty visent directement la France, qui, selon l’ONG, continuerait de livrer des composants militaires à Israël, malgré les démentis officiels. Paris affirme que ses exportations vers ce pays se limitent à des équipements défensifs ou destinés à la réexportation. Pourtant, des révélations récentes sur des transferts d’armes soulèvent des doutes. Ces allégations pourraient ouvrir la voie à des poursuites judiciaires pour complicité de crimes internationaux.

La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a intensifié la pression en déposant, le 12 juin 2025, une plainte contre une entreprise française et une société israélienne. La plainte vise notamment des composants de mitrailleuses fournis à une filiale d’Elbit Systems, géant de l’armement israélien. Ce recours illustre une volonté croissante de traduire les acteurs de l’industrie militaire devant la justice.

Les accusations portées contre la France ne sont pas isolées. D’autres pays, partenaires commerciaux d’Israël, font face à des critiques similaires, mettant en lumière les dilemmes éthiques du commerce des armes.

Un Salon sous Tension Judiciaire

La présence d’entreprises israéliennes au Bourget a suscité des recours en justice. La semaine précédant l’ouverture du salon, des associations ont tenté, sans succès, de faire interdire leur participation. Le tribunal de Bobigny a rejeté leur demande, estimant qu’il n’y avait pas de fondement suffisant pour bannir ces exposants. Cette décision n’a pas apaisé les tensions, bien au contraire.

Les plaignants, soutenus par des organisations comme la LDH, arguent que la participation de ces entreprises pourrait contribuer à la perpétuation de crimes internationaux. Leur démarche s’inscrit dans un mouvement global visant à responsabiliser les acteurs de l’industrie militaire, dans un contexte où les conflits armés sont scrutés à la loupe.

Les Enjeux Éthiques du Commerce des Armes

Le commerce des armes est un secteur économique majeur, mais il soulève des questions éthiques fondamentales. Comment les entreprises et les États peuvent-ils justifier des ventes dans des zones de conflit ? Voici quelques points clés à considérer :

  • Responsabilité juridique : Les transferts d’armes vers des pays en guerre peuvent engager la responsabilité pénale des fournisseurs.
  • Impact humanitaire : Les armes vendues à Israël sont accusées d’être utilisées dans des opérations causant des pertes civiles importantes.
  • Transparence : Les démentis des gouvernements, comme celui de la France, alimentent la méfiance face à l’opacité des contrats militaires.

Ces enjeux ne se limitent pas au Salon du Bourget. Ils reflètent une problématique globale : comment réguler un secteur où l’innovation technologique côtoie des dilemmes moraux ?

Une Industrie Militaire sous Pression

Les entreprises israéliennes, bien que moins nombreuses cette année, restent des acteurs clés de l’industrie militaire mondiale. Leur expertise en drones, systèmes de défense antimissile et technologies aérospatiales attire l’attention des acheteurs internationaux. Mais leur présence au Bourget est désormais indissociable du contexte géopolitique.

Elbit Systems, par exemple, est souvent cité dans les plaintes pour son rôle dans la production d’équipements utilisés à Gaza. Les composants fournis par des partenaires étrangers, comme des entreprises françaises, soulignent l’interconnexion de l’industrie militaire mondiale. Cette complexité rend la régulation des transferts d’armes particulièrement ardue.

Acteur Rôle Accusation
Entreprises israéliennes Exposants au Bourget Vente d’armes utilisées à Gaza
Entreprises françaises Fournisseurs de composants Complicité dans des crimes internationaux
Amnesty International ONG Dénonciation des transferts d’armes

Vers une Régulation plus Stricte ?

Face à la montée des critiques, la question d’une régulation plus stricte des exportations d’armes se pose avec acuité. Les conventions internationales, comme le Traité sur le commerce des armes, imposent des obligations aux États pour prévenir l’utilisation d’armes dans des violations des droits humains. Pourtant, leur application reste inégale.