Chaque année, le Salon du Bourget attire les regards du monde entier, transformant l’aéroport du nord de Paris en une vitrine de l’innovation aéronautique. En 2025, cet événement emblématique a démarré sur les chapeaux de roues avec des annonces majeures, des contrats historiques et une compétition palpable entre les géants du secteur. Airbus et Embraer se sont distingués par des accords stratégiques, tandis que Boeing, marqué par un récent drame, adopte une posture plus discrète. Que retenir de ces premiers jours ? Plongeons dans l’effervescence de ce rendez-vous incontournable.
Une ouverture sous le signe de la compétition
Le Salon du Bourget, véritable baromètre de l’industrie aéronautique, a ouvert ses portes le 16 juin 2025 avec une série d’annonces qui reflètent les dynamiques du marché. Les compagnies aériennes, en quête de modernisation et d’efficacité, se tournent vers des appareils plus performants, tandis que les avionneurs rivalisent pour décrocher des contrats juteux. Cette année, Airbus et Embraer tirent leur épingle du jeu, tandis que Boeing, habituellement au coude-à-coude avec son rival européen, opte pour une stratégie différente.
Airbus séduit la Pologne avec l’A220
Pour la première fois, la compagnie polonaise LOT, fidèle cliente d’Embraer et de Boeing, a signé un contrat avec Airbus. Cet accord porte sur l’acquisition de 40 A220, un avion monocouloir conçu pour les vols régionaux. D’une valeur estimée à 3,4 milliards de dollars, cette commande marque un tournant pour LOT, qui cherche à moderniser sa flotte tout en optimisant ses coûts opérationnels.
Les livraisons débuteront à l’été 2027 pour remplacer progressivement notre flotte régionale actuelle. D’ici 2032, jusqu’à 84 A220 pourraient rejoindre nos hangars, en lien avec l’ouverture du nouvel aéroport de Varsovie.
Michal Fijol, directeur général de LOT
Cet accord illustre la montée en puissance de l’A220, un appareil prisé pour sa flexibilité et son efficacité énergétique. En battant Embraer sur cet appel d’offres, Airbus consolide sa présence en Europe de l’Est, un marché en pleine croissance.
Riyadh Air mise sur les gros-porteurs
L’Arabie saoudite, déterminée à devenir un acteur majeur de l’aviation mondiale, a frappé fort avec une commande de 25 A350-1000 pour sa nouvelle compagnie nationale, Riyadh Air. Cet accord, d’une valeur théorique de 9 milliards de dollars, pourrait s’étendre à 50 appareils, renforçant les ambitions du royaume dans le transport long-courrier.
L’A350-1000, fleuron d’Airbus, est plébiscité pour son autonomie et son confort, séduisant les compagnies en quête de performances sur les longues distances.
Avec plus de 1 390 commandes fermes pour la famille A350, Airbus confirme sa domination sur le segment des gros-porteurs. Ce contrat avec Riyadh Air s’inscrit dans une stratégie d’expansion régionale, où le Moyen-Orient joue un rôle clé.
AviLease booste la flotte d’Airbus
Le loueur d’avions AviLease a signé un contrat marquant dès l’ouverture du salon, s’engageant à acquérir 30 A320neo et 10 A350F, les versions cargo de l’A350. D’une valeur estimée à 7 milliards de dollars, cet accord pourrait s’élargir à 55 monocouloirs et 22 avions cargo. Ce choix reflète la confiance des investisseurs dans la polyvalence des appareils Airbus, adaptés aussi bien au transport de passagers que de marchandises.
Les A320neo, avec leur consommation réduite et leurs performances optimisées, dominent le marché des monocouloirs, tandis que l’A350F répond à la demande croissante de fret aérien. Ce contrat illustre la diversification des besoins dans l’aviation moderne.
ANA renforce sa flotte avec Airbus
Le groupe japonais ANA a finalisé un accord pour 24 A321neo et trois A321XLR, des avions conçus pour les vols moyen-courriers à haute efficacité. Ces appareils, dotés d’une autonomie accrue, permettront à ANA d’optimiser ses routes régionales tout en réduisant son empreinte carbone. Ce choix confirme la popularité de la famille A320neo auprès des compagnies asiatiques.
Avec ces annonces, Airbus affiche une dynamique impressionnante, captant l’attention des investisseurs et des professionnels présents au Bourget. Mais qu’en est-il des autres acteurs ?
Embraer consolide sa présence militaire
Le constructeur brésilien Embraer n’est pas en reste avec une commande stratégique du Portugal pour un sixième KC-390 Millennium, un avion de transport militaire polyvalent. Cette acquisition, qui fait suite à un contrat de cinq appareils en 2019, renforce la position d’Embraer sur le marché européen de la défense.
Le KC-390, capable de transporter des troupes, du matériel ou d’effectuer des missions de ravitaillement, séduit par sa modernité et sa flexibilité. Embraer a également évoqué la possibilité de dix options supplémentaires pour d’autres pays européens ou membres de l’OTAN, ouvrant la voie à de futurs contrats.
- Capacité de transport : jusqu’à 26 tonnes.
- Missions variées : ravitaillement, évacuation médicale, largage de parachutistes.
- Avantage compétitif : coûts d’exploitation réduits par rapport aux concurrents.
En se positionnant comme un acteur clé du transport militaire, Embraer diversifie son portefeuille et complète son offre commerciale, dominée par ses avions régionaux.
Boeing en retrait après une tragédie
Alors qu’Airbus et Embraer multiplient les annonces, Boeing adopte une posture discrète. Une porte-parole de l’avionneur américain a déclaré que l’entreprise se concentrait sur le soutien à ses clients plutôt que sur de nouveaux contrats. Cette stratégie intervient dans un contexte difficile, marqué par le crash d’un Boeing 787 d’Air India le 12 juin 2025, qui a coûté la vie à au moins 279 personnes.
Cet accident, le plus meurtrier depuis 2014, a jeté une ombre sur la présence de Boeing au Bourget. L’avionneur, habituellement en compétition frontale avec Airbus, semble privilégier une approche prudente pour restaurer la confiance de ses partenaires et du public.
Les enjeux du marché aéronautique
Le Salon du Bourget 2025 reflète les tendances majeures de l’industrie aéronautique : modernisation des flottes, transition vers des appareils plus écologiques et montée en puissance des marchés émergents. Airbus, avec ses A220, A320neo et A350, répond à ces attentes, tandis qu’Embraer capitalise sur la polyvalence de son KC-390. Boeing, malgré son silence, reste un acteur incontournable dont les prochaines annonces seront scrutées.
| Avionneur | Contrats majeurs | Valeur estimée |
|---|---|---|
| Airbus | 40 A220 (LOT), 25 A350-1000 (Riyadh Air), 30 A320neo + 10 A350F (AviLease) | 19,4 milliards $ |
| Embraer | 1 KC-390 (Portugal) | Non communiqué |
| Boeing | Aucun contrat annoncé | – |
Ce tableau résume la domination d’Airbus dans les annonces de ce salon, tandis qu’Embraer marque des points dans le secteur militaire. Boeing, en revanche, devra attendre pour reconquérir le devant de la scène.
Vers un avenir durable ?
L’aviation mondiale fait face à des défis environnementaux majeurs, et les avionneurs doivent innover pour réduire leur impact. Les appareils comme l’A320neo ou l’A220, avec leurs moteurs plus efficaces, s’inscrivent dans cette démarche. De son côté, l’A350F d’Airbus répond à la demande de fret tout en limitant les émissions. Embraer, avec le KC-390, propose des solutions adaptées aux besoins militaires tout en optimisant les coûts.
Le Salon du Bourget 2025 met en lumière ces évolutions, mais aussi les incertitudes. La tragédie d’Air India rappelle la nécessité d’une sécurité irréprochable, tandis que la compétition économique pousse les acteurs à innover sans relâche.
Que réserve la suite du salon ?
Alors que le Salon du Bourget bat son plein, d’autres annonces sont attendues. Airbus pourrait dévoiler de nouveaux contrats, tandis qu’Embraer cherche à séduire d’autres nations avec son KC-390. Boeing, malgré sa discrétion, pourrait surprendre avec des initiatives pour renforcer sa position. Une chose est sûre : ce rendez-vous reste un moment clé pour comprendre les dynamiques de l’aviation mondiale.
En conclusion, le Salon du Bourget 2025 illustre la vitalité d’une industrie en constante évolution. Airbus et Embraer, par leurs annonces stratégiques, dominent les débats, tandis que Boeing, confronté à des défis, prépare sans doute son retour. Ce salon, plus qu’un simple événement commercial, est une fenêtre ouverte sur l’avenir de l’aviation.
